Chérèque pour une hausse de la CSG

© Europe1
  • Copié
, modifié à
A trois jours du sommet social, le patron de la CFDT a écarté dimanche toute hausse de la TVA.

A trois mois de la présidentielle et moins d'une semaine après la perte du triple A français, les syndicats se rendront au sommet social du 18 janvier avec une certaine appréhension sur les mesures envisagées par le gouvernement. Les syndicats ont d'ores et déjà la ferme intention de refuser tout débat sur des réformes de fond comme la TVA sociale, brandissant la menace de mobilisation de rue en cas de passage en force du gouvernement. Invité du Grand rendez-vous Europe 1/iTélé/Le Parisien-Aujourd’hui en France, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT réaffirme son opposition à "toute augmentation de la TVA".

"Augmenter la TVA, c'est un plan de rigueur"

"Ce que j'espère, c'est que cette dégradation de la France ne va pas encourager le gouvernement à faire un troisième plan de rigueur (...). C'est ça dont j'ai peur", confie le patron de la CFDT, alors que le gouvernement a assuré qu'il n'y aurait pas un nouveau plan de rigueur au lendemain de l'annonce de la perte du triple A. "Si le gouvernement augmente la TVA de 2 ou 3%, c'est un plan de rigueur", estime-t-il toutefois."Les salariés vont payer la consommation plus cher, donc pour eux ce sera un plan de rigueur", explique le leader syndicaliste.

"Nous sommes contre toute augmentation de la TVA" :

En effet, le gouvernement envisage notamment une hausse du taux général de la TVA, actuellement fixé à 19,6%, en contrepartie d'une réduction des charges salariales et patronales dans le cadre d'une réflexion sur la réforme du financement de la protection sociale.

"S'il faut transférer une partie des cotisations sociales, notre proposition est d'utiliser la CSG et non pas la TVA sociale", a précisé François Chérèque, estimant que la "TVA sociale, c'est de la TVA donc une perte du pouvoir d'achat des salariés". "Personne n'est assuré que cet argent ira à la protection sociale", ajoute-t-il, craignant que cet argent soit utilisé pour "baisser le déficit de l'Etat".

La CSG un levier plus juste

Pour François Chérèque, il serait plus judicieux de relever la CSG, un impôt très large puisqu'il frappe tous les revenus, et pas seulement les salaires. D'après lui, l'avantage d'un transfert de la protection sociale sur la CSG est le suivant : "ça coûte moins cher aux salariés (...) et c'est le capital qui paye la différence". "Nous serons contre toute augmentation de la TVA", prévient-il.

François Chérèque juge par ailleurs qu'il y a aujourd'hui "une responsabilité des banques pour financer l'économie ", au niveau de "l'assurance-chômage" notamment. Soulignant que les collectivités "ont du mal à voir des prêts après la faillite de Dexia", il estime que "l'urgence numéro 1 est de récréer une banque des collectivités territoriales".

La perte du AAA ? Le gouvernement "responsable"

Le patron de la CFDT avait auparavant réagi à la perte du triple A français. Première raison à cette dégradation d'après lui : "l'échec de la gouvernance européenne". "Il n'y a pas eu suffisamment de solidarité entre les pays européens", regrette-t-il, évoquant notamment l'absence de mutualisation de la dette de chaque pays, autrement dit la création d'eurobonds.

Une triple responsabilité :

"Il y a aussi une responsabilité collective, 30 ans de dette", reconnaît  François Chérèque. Enfin, troisième responsabilité d'après lui : "une aggravation de la politique du gouvernement". "En 2007, quand le gouvernement arrive, l'économie est plutôt moyenne et au lieu de réduire la dette il fait des dépenses inconsidérées", affirme-t-il. François Chérèque cite notamment "la loi Tepa, le bouclier fiscal et la défiscalisation des heures supplémentaires". Le patron de la CFDT regrette qu'en 2009, au moment où la question de la dette est devenue inquiétante, le gouvernement ait refusé de supprimer "le bouclier fiscal et supprimer les allègements de charges".

Troisième exemple donné par François Chérèque : "au mois d'août, le gouvernement décide un plan de rigueur (...). Or, il fallait soutenir les salariés en difficulté. Et c'est ce qui se passe aujourd'hui. L'agence (S&P) dit, aujourd'hui, difficulté de relancer l'économie". "La responsabilité du gouvernement est engagée sur les cinq dernières années", conclut le leader syndicaliste.