Carlos multiplie les coups d'éclat

Dans son box, Carlos avait plus l'air d'un retraité tranquille que d'un dangereux révolutionnaire à l'ouverture de son procès à Paris.
Dans son box, Carlos avait plus l'air d'un retraité tranquille que d'un dangereux révolutionnaire à l'ouverture de son procès à Paris.
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Frédéric Frangeul avec agences , modifié à
Le terroriste Carlos s'est présenté lundi à son procès comme un "révolutionnaire de profession".

Le Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez dit "Carlos", légende du terrorisme des années 1980, a multiplié lundi les éclats verbaux devant la cour d'assises de Paris, qui le juge une seconde fois en France où il est emprisonné depuis 17 ans. En cause, quatre attentats qui ont fait en France 11 morts et quelque 150 blessés entre 1982 et 1983.

Dès l'interrogatoire d'état civil, le prévenu a proclamé : "Je me prénomme Ilich, comme l'homme de la révolution russe (...) je suis révolutionnaire de profession". Brandissant le poing en direction ses amis de la salle, souriant, se levant régulièrement pour prendre la parole, il a qualifié certaines parties civiles de "charognes sionistes".

Un perpétuel sourire aux lèvres

Ventripotent, front dégarni et barbe blanche, l'homme qui s'attribue "1.500 à 2.000 morts" avait plus l'air, dans son box, d'un retraité tranquille que d'un dangereux révolutionnaire.

Tantôt accoudé à la vitre du box, tantôt en discussion avec son escorte, tantôt assis en toute décontraction, le Vénézuélien de 62 ans donnait l'impression d'être à la cour d'assises comme d'autres sont au spectacle. Un perpétuel sourire aux lèvres, il semblait être le maître des lieux.

Ses avocats dénoncent "un procès inéquitable"

Les deux conseils de Carlos ont dénoncé "un procès inéquitable". Jugeant qu'ils ne pouvaient "se mettre en faillite" en défendant gratuitement Carlos, abandonné par le Venezuela, maîtres Isabelle Coutant-Peyre et Francis Vuillemin ont déclaré qu'ils se retiraient du procès. Mais le président Olivier Leurent les a immédiatement commis d'office.

La cour s'est également refusée, pour l'instant, à rejeter les rapports des services secrets hongrois, roumains et est-allemands, comme le réclame la défense. En revanche, elle a donné raison à Carlos en jugeant irrecevable la constitution de partie civile de la Fenvac, une association de victimes qui n'a étendu que très récemment sa compétence aux actes de terrorisme.

Des discours  révolutionnaires "un peu dépassés"

Avocat de plusieurs parties civiles, Me Paul-Albert Iweins a brocardé les discours révolutionnaires "un peu dépassés" de Carlos. A présent, a-t-il averti, "il va falloir que Carlos prenne conscience qu'il n'est pas ici pour faire la révolution mais pour répondre de ses actes."

Plusieurs dizaines de victimes de ces actions sont venues à la cour. "On espère que Carlos ne sera pas arrogant (...) on sait qu'il aime faire son spectacle, mais on espère qu'il sera humble et respectueux", a dit Philippe Rouault, blessé rue Marbeuf.

Le soutien de Dieudonné

Carlos a reçu un soutien inattendu, en la personne de l'humoriste Dieudonné, qui s'est rendu devant la cour pour dire aux journalistes qu'à ses yeux, les faits étaient trop anciens et qu'on devait laisser l'accusé rentrer chez lui.

Quant à Jacques Chirac, cité par la défense, il a décliné l'offre lui aussi, disant n'avoir de cette époque que "des souvenirs lointains et incertains".

Ilich Ramirez Sanchez conteste les quatre attentats qui lui sont imputés par la justice française. Interpellé au Soudan en 1994, il a déjà été condamné en 1997 à la prison à vie pour le meurtre en 1975 à Paris de trois hommes, dont deux policiers.