Cantine : à Ruffec, les élèves stigmatisés

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avec Stéphane Place, correspondant d'Europe 1 dans le Sud-Ouest , modifié à
Les enfants des mauvais payeurs sont pointés du doigt par un code couleur visible par tous.

Dans la commune de Ruffec, en Charente, mieux vaut payer la cantine du petit... Face aux impayés de plus en plus importants, Bernard Charbonneau, le maire, a décidé de manière conjointe avec la communauté de communes,  de mettre en place un nouveau système pour suivre les impayés. Le tout est affiché sur des écrans à usage privé mais auquel ont accès visuellement les enfants.

Face à chaque nom figure un nounours, vert, bleu ou rouge, indiquant les bons, moyens et mauvais payeurs. Le résultat est efficace pour les finances publiques : 62 familles n'ont pas payé cette année, contre 175 l'année dernière.

Pour le reste, cette mesure provoque un vif tollé. Christine Gangletas, la secrétaire de la FCPE, le principal syndicat de parents d'élèves, dénonce une "stigmatisation des gamins" et s'oppose à ce "procédé discriminatoire". "Une institutrice a trouvé un enfant en pleurs le midi parce que son nounours était rouge et qu'il ne savait pas s'il pouvait aller manger", indique-t-elle encore au Parisien.

Le maire fait machine arrière

Débordé par une polémique qu'il n'imaginait pas créer, Bernard Charbonneau a finalement fait marche arrière. "Nous n'avons jamais voulu stigmatiser qui que ce soit, et nous n'avons d'ailleurs jamais refusé d'accueillir un enfant à la cantine, même en cas d'impayé", se défend-il dans Le Parisien, tout en reconnaissant n'avoir pas "été conscient des problèmes que cela pouvait poser".

Depuis mardi matin, à Ruffec, Bernard Charbonneau l'assure à Europe 1, "tous les nounours sont au vert". "Les écrans sont exclusivement à usage interne, mais ils sont difficilement dissimulable", s'est encore défendu le maire de Ruffec et président de la communauté de communes. "La CDC a acheté un logiciel, on l'a mis en place, et sincèrement, comme c'était réservé à usage interne, on n'a pas pensé une seule seconde que cela pourrait engendrer une telle polémique", a-t-il ajouté.

Les parents d'élèves, eux, ne veulent pas faire le procès du maire maladroit. Mais ils lui ont adressé mardi "pour lui demander de régler le problème de fond", explique José Dupuis, le président de la FCPE à Ruffec. "Il y a un certain nombre de familles qui ne peuvent pas payer la cantine car la paupérisation est important à Ruffec. Nous faisons deux propositions dans cette lettre : que les familles paient la cantine au début du mois et non le 20 comme c'est le cas actuellement, et deuxièmement, que soit pris en compte le quotient familial dans la tarification", a conclu José Dupuis sur Europe 1.