Cannabis : les Français contre la dépénalisation

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Aurélie Frex , modifié à
Selon un sondage, 63% d'entre eux sont opposés à la mesure préconisée par des députés socialistes.

Près des deux tiers des Français - 63% - sont opposés à la dépénalisation du cannabis, proposée par des députés socialistes, alors que seul un tiers - 36% - y est favorable, selon un sondage Ifop pour Sud Ouest dimanche.

Ce rapport de force n'a guère évolué depuis une quinzaine d'années, puisque 32% des personnes interrogées y étaient déjà favorables en mars 2002, lors de la campagne présidentielle, et 32% en juillet 1997 juste après la victoire de la gauche suite à la dissolution de l'Assemblée nationale. Cette opinion à l'époque avait progressé puisque le soutien à la dépénalisation n'atteignait que 26% en janvier 1996.

Les jeunes pour la dépénalisation

L'âge joue un rôle déterminant puisque les moins de 35 ans - parmi lesquels se recrutent d'abord les consommateurs de cannabis - seraient aujourd'hui majoritairement acquis à cette idée (51% pour, 49% contre).

En revanche, les tranches d'âges plus élevées y sont massivement opposées, avec 31% d'adhésion seulement. Sur cette question, le regard sur la dépénalisation semble profondément changer autour de l'âge de 35 ans.

Les sympathisants de gauche plus favorables

Le clivage politique se retrouve également : les sympathisants de gauche sont nettement plus favorables - 48% - à la dépénalisation que ceux de droite - 20% seulement à l'UMP et 28% au FN -.

Près d'un électeur de gauche sur deux est favorable à cette proposition, avec des différences importantes selon les sensibilités. Une majorité des proches du Front de Gauche (52%) ou des Verts (53%) y adhèrent, ce taux étant plus faible au PS : 43% pour et 56% contre.

Fillon ne peut envisager l'autorisation

Le Premier ministre, François Fillon, a déclaré vendredi qu'il ne pouvait "envisager une seconde" de dépénaliser le cannabis en France, comme le suggèrent des parlementaires socialistes. Ce dossier récurrent est revenu dans l'actualité à la faveur de plusieurs faits divers très violents dans les banlieues de Paris, où le commerce de cette drogue suscite des affrontements armés de plus en plus fréquents.

En déplacement à Nice, François Fillon a estimé qu'une légalisation aurait pour effet d'augmenter l'usage de cette drogue. "Ni sur le plan sanitaire, ni sur le plan politique, ni sur le plan moral je ne peux envisager une seconde de voir l'Etat annoncer officiellement à sa jeunesse que le cannabis est désormais en vente libre", a-t-il déclaré lors d'un discours.

Face aux "débats ambigus qui agitent le Parti socialiste" sur ce dossier, le Premier ministre a estimé que "ce n'est pas en légalisant cette drogue qu'on combattra sa toxicité ni les réseaux qui vivent du trafic de stupéfiants". "Légaliser le cannabis, c'est légitimer et encourager son usage", a-t-il ajouté devant un millier de sympathisants UMP réunis au centre de conférences Acropolis.

Le sondage a été réalisé par téléphone sur un échantillon de 955 personnes, dont la représentativité a été assurée selon la méthode des quotas.