"Ca m’a vraiment soulagée"

L'Association nationale de la Justice réparatrice se lance mardi. Elle permet de mettre en relation des victimes et des agresseurs, dans le but de valoriser ce dialogue.
L'Association nationale de la Justice réparatrice se lance mardi. Elle permet de mettre en relation des victimes et des agresseurs, dans le but de valoriser ce dialogue. © MAXPPP
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avec Aude Leroy , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Victime d’un pédophile, Sylvie a tourné la page grâce à la "justice réparatrice".

"Avoir été dans ces groupes de paroles, ça m’a vraiment soulagée". L’histoire de Sylvie, aujourd’hui âgée de 40 ans, est douloureuse. Elle l’a racontée à Europe 1. Cette femme a été abusée à deux reprises : la première fois à l'âge de 7 ans par un voisin et la seconde à 14 ans par l'oncle de sa mère.

Une approche victime-agresseur volontaire

Pour tourner la page de ces agressions, mais aussi comprendre les gestes des pédophiles qu’elle a croisés, Sylvie participe à des groupes de parole, via l'Association "L’ange bleu". Elle pratique ainsi la "justice réparatrice", une approche qui valorise le dialogue entre les victimes et les auteurs de crime ou de délit, que ce soit des pédophiles, des violeurs ou des assassins. Le tout via un parloir. Tous les participants sont volontaires.

Ce sont des moments forts, parfois douloureux, mais souvent libérateurs aussi bien pour l’agresseur que pour l’agressé. "L’objectif, c’est que l’auteur puisse comprendre l’impact de son acte dans la vie de la victime et que la victime ait des clés sur la compréhension de l’acte", précise Stéphane Jacquot, président-fondateur de l'Association nationale de la Justice réparatrice. Cette association sera lancée mardi et les initiatives de "justice réparatrice" vont être sa principale ambition. Jusqu’à aujourd’hui, elles étaient d’ordre privé.

"Ca m'a fait un déclic"

Sylvie a été surprise de voir que ces rendez-vous ont permis de faire évoluer les agresseurs qu’elle avait en face d’elle. "J’ai eu le retour d’un pédophile qui m’a dit : ‘ça m’a fait un déclic quand je t’ai entendue parler. Jamais je n’aurais pu imaginer que les victimes que j’ai faites puissent souffrir de ça 20 ans ou 30 ans après’", raconte-t-elle.

"J’ai vu que certains sont capables de reconnaître le mal qu’ils font" :

Des moments si particuliers qui ont permis à Sylvie d’avancer : "Maintenant, je n’ai plus la souffrance que j’avais, ça m’a soulagée". Elle a confié à Europe 1 qu’elle a encore envie de "continuer" de participer à ces groupes de paroles.

La "justice réparatrice" a fait ses preuves depuis 20 ans en Nouvelle-Zélande ou au Canada. Là-bas, il y a entre 8% à 16% de récidive en moins chez les délinquants sexuels ou chez les auteurs de crime de sang, assure Stéphane Jacquot. Il n'en attend pas moins de la France dans les années à venir.