Bouton : "50 milliards, c'est monstrueux !"

© REUTERS
  • Copié
Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
L'ancien PDG de la Société Générale était entendu comme témoin au procès de Jérôme Kerviel.

"Un agent qui avait une capacité de mensonge et de dissimulation" insoupçonnée jusqu'alors. Voila comment l’ancien PDG de la Société générale Daniel Bouton a évoqué le cas Jérôme Kerviel, mardi, au procès de son ancien salarié auquel il était appelé à témoigner.

"Une catastrophe en soi"

Quand il a appris que l'ancien trader avait pris des positions "dissimulées" pour près de 50 milliards d'euros, Daniel Bouton a dit avoir eu l'impression que "dix étages de plancher s'écroulaient sous (ses) pieds. "C'était une catastrophe en soi", a déclaré l'ancien PDG, parce que "la confiance était rompue".

"La Société Générale n'a pas vu"

Interrogé sur la responsabilité de la banque, Daniel Bouton a assuré que l'établissement ignorait les agissements de Jérôme Kerviel. "La Société Générale n'a pas vu, les supérieurs hiérarchiques" de Jérôme Kerviel "n'ont pas vu", a-t-il insisté. L'ancien trader "a eu le génie, malfaisant peut-être, d'intervenir en dehors de son mandat", a-t-il poursuivi, menant des opérations inimaginables pour ses supérieurs. "50 milliards c'est monstrueux. Ce n'est pas le métier d'une banque de jouer son destin sur la hausse ou la baisse des bourses", a-t-il ajouté.

Après onze ans à la tête de la Société Générale, dont il avait contribué à faire l'un des fleurons de la finance mondiale, Daniel Bouton avait été poussé à la démission, fin avril 2009, après une série de scandales liés notamment aux rémunérations des dirigeants de la SocGen.

Après l'affaire Kerviel, Daniel Bouton avait été très critiqué, y compris par le chef de l'Etat qui estimait anormal qu'un dirigeant reste en place après un tel "dysfonctionnement".

"Les années fric"

Sa présence au procès n'a pas été demandée par la défense, consciente qu'il n'était pas personnellement au courant de ce que faisait Jérôme Kerviel, ni par les avocats de la banque, qui la jugeaient "ridicule". Mais elle a été réclamée par les avocats de cinq salariés ou retraités actionnaires de la banque, parties civiles. Jérôme Kerviel, 33 ans, jugé depuis le 8 juin par le tribunal correctionnel, risque cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.