Boisset condamné pour avoir diffamé Charasse

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avec AFP

Le cinéaste Yves Boisset a été condamné mardi en diffamation à 750 euros d'amende avec sursis pour avoir affirmé dans un livre que Michel Charasse aurait fait diligenter un contrôle fiscal alors qu'il préparait un film gênant pour le pouvoir, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. Dans son livre de souvenirs "La vie est un choix" (Plon), paru en novembre 2011, Yves Boisset évoquait les raisons qui ne lui ont pas permis de tourner un scénario intitulé "Barracuda" sur l'opération éponyme "montée par Mitterrand pour écarter du pouvoir le turbulent empereur Bokassa" en République centrafricaine.

En réalité, l'opération Barracuda et la chute de Bokassa ont eu lieu sous la présidence de Valéry Giscard d'Etaing en septembre 1979 et non sous celle de François Mitterrand, et le contrôle fiscal dont Yves Boisset a fait l'objet est intervenu avant la période de 1988 à 1992, pendant laquelle M. Charasse était ministre du Budget. Ce projet "inquiétait beaucoup les milieux proches du pouvoir", selon Yves Boisset, qui avait reçu "en provenance de l'Elysée d'amicaux messages de mise en garde" auxquels il n'a pas cédé. Si bien que "les grands moyens ne tardèrent pas à être employés", c'est-à-dire la "bombe atomique" d'un contrôle fiscal, écrivait-il.

Yves Boisset attribuait à Michel Charasse d'avoir fait diligenter un contrôle fiscal sur injonction de l'Elysée. Mais l'imputation d'être "l'exécutant d'une volonté supérieure dans la mise en place d'un système consistant à instrumentaliser l'administration en détournant la finalité d'un contrôle fiscal pour éviter, par la pression économique en résultant, la réalisation d'un film gênant pour le pouvoir n'en est pas moins diffamatoire à l'égard de Michel Charasse", ont estimé les juges de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. "A défaut de tout élément mettant concrètement en cause" M. Charasse "dans l'initiative ou le déroulement d'un contrôle fiscal qu'Yves Boisset a subi, la réputation faite à la partie civile par des tiers en la matière ne saurait suffire à asseoir la bonne foi" du cinéaste, a estimé le tribunal. L'éditeur Olivier Orban a été condamné à 750 euros d'amende et a été condamné solidairement avec Yves Boisset à verser à M. Charasse un euro de dommages et intérêts et 2.500 euros au titre des frais de justice.