Big Brother dans les entreprises

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avec Martin Feneau, Ariane Lavrilleux et Noémie Mayaudon , modifié à
De plus en plus d’entreprises utilisent la vidéosurveillance pour pister leurs salariés.

Le plus souvent, le débat sur la vidéosurveillance est limité aux lieux publics et mis en parallèle avec les chiffres de la délinquance. Pourtant, il existe un autre domaine que l’espace public où la vidéosurveillance se fraye une bonne place. Ainsi, nombre d’entreprises ont pris l’exemple des banques, en faisant installer des caméras dans leurs couloirs et ateliers.

Surveiller pour punir ?

Le but premier est d’éviter que des intrus ne s’immiscent dans les bâtiments. Or, si les dispositifs de vidéosurveillance apparaissent de prime abord comme des moyens d’assurer la sécurité des salariés, il s’agit aussi, pour certains employeurs, d’un espion destiné à traquer les délits internes. La suspicion semble de fait peser sur les employés eux-mêmes.

Un vigile de magasin a expliqué à Europe 1 que la mission qui lui avait été confiée était de surveiller les employés d’une entreprise sans interruption grâce à des caméras dissimulées, de sorte à ne rater aucun mouvement. Il devait focaliser son attention sur les salariés les plus en difficulté morale et financière, plus susceptibles, selon la direction, de commettre des vols dans la caisse. D’après le vigile, les opérations de surveillance aboutissaient automatiquement à des licenciements.

"J’ai été pris au jeu" :

Le patron "surveille en permanence"

L’employé d’un garage soumis à vidéosurveillance parle, lui, d’une traque perpétuelle. "Personne ne s’est jamais fait agresser dans un garage à ce que je sache", s’indigne-t-il au micro d’Europe 1. "Toute la journée, les caméras marchent par infrarouge, le patron lui est dans son bureau, il nous surveille en permanence", décrit-il. D’après lui, dès qu’un employé du garage s’absente trop de son poste, le directeur arrive "dans les deux minutes qui suivent".

"Moi j’appelle ça la prison" :

Un vide juridique

Juridiquement, les firmes sont soumises à une législation précise, afin que la vidéosurveillance soit "transparente". Ainsi, pour être dans la légalité, l’entreprise doit informer le personnel, les délégués du personnel et le comité d’entreprise de la mise en place des dispositifs de surveillance. Selon l’utilisation qui est faite des enregistrements, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), qui veille au droit à l’image, doit aussi être avertie.

Dans le cas d’un procès contre un employé, pour vol par exemple, les bandes de vidéosurveillance ne peuvent constituer une preuve que si et seulement si toutes ces conditions d’installation ont été remplies. Toutefois, pour l’heure, la jurisprudence est trop mince pour que soient définies des règles précises.