Bayonne : un 9e cas d'euthanasie ?

Le médecin urgentiste Nicolas Bonnemaison, soupçonné d'euthanasie active sur huit patients à l'hôpital de Bayonne (Pyrénées Atlantiques), a été "suspendu" vendredi par le ministre de la Santé qui a évoqué dans un communiqué un possible neuvième cas.
Le médecin urgentiste Nicolas Bonnemaison, soupçonné d'euthanasie active sur huit patients à l'hôpital de Bayonne (Pyrénées Atlantiques), a été "suspendu" vendredi par le ministre de la Santé qui a évoqué dans un communiqué un possible neuvième cas. © Maxppp
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avec Stéphane Place , modifié à
Le Dr Bonnemaison, déjà mis en examen, a été "suspendu" vendredi par Xavier Bertrand.

Coup de théâtre dans l'affaire Bonnemaison, l'urgentiste soupçonné d'euthanasie active sur huit patients à l'hôpital de Bayonne. Le rapport de l'Inspection Générale des affaires sociales (IGAS) a dévoilé un nouveau cas suspect : un malade à qui le docteur aurait injecté du curare, un produit qui peut s'avérer mortel.

Suspension immédiate

Sur la base de ce rapport, le ministre de la Santé Xavier Bertrand et la secrétaire d'Etat Nora Berra, ont "décidé d'engager une procédure disciplinaire, et de prononcer à titre conservatoire la suspension immédiate" de Nicolas Bonnemaison, qui avait déjà été mis en examen pour "empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables". Les ministres ont par ailleurs annoncé qu'ils engageaient "une procédure disciplinaire" à l'encontre du médecin urgentiste.

Le rapport de l'Igas sur l'établissement hospitalier de Bayonne, a étudié les dix-neuf dossiers de patients décédés qui avaient été pris en charge par le médecin urgentiste.

"Un dossier comportait explicitement la mention d'une administration de curare au patient, en dehors des indications habituelles", indique le communiqué du ministère. "Aucune société savante ne l'indique comme méthode de sédation. Or, seule une méthode de sédation pouvant avoir pour effet second d'abréger la vie est autorisée par la loi du 25 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie", conclut le document officiel. Par ailleurs le rapport de l'Igas mentionne des "dysfonctionnements organisationnels" au sein de l'unité du Dr Bonnemaison "mais qui ne présentent pas de liens avec les événements ayant fait l'objet du signalement", précisent les ministres.

L'avocat de Bonnemaison pondère

Contacté par Europe 1, Arnaud Dupin, l'avocat du médecin urgentiste a pondéré les conclusions du rapport de l'Igas. "La révélation d'un cas d'utilisation de curare, ce n'est pas nouveau. On le sait depuis l'ouverture de l'information judiciaire", a-t-il réagi. "Surtout, on a des éléments qui viennent corroborer ce qu'a toujours dit le Dr Bonnemaison. On a d'une part des patients qui sont en extrême fin de vie. Et surtout, on a une grande majorité des cas où le dialogue a bien fonctionné à l'hôpital et notamment le dialogue avec les familles. Si vous relisez bien le rapport, vous verrez qu'il y a une augmentation croissante des patients qui ont aiguillés vers cette unité alors qu'ils n'ont pas à venir dans une telle unité", a précisé Arnaud Dupin.

"On tiendra compte du contexte dans lequel tout cela s'est tramé, la gestion de la fin de vie n'est pas qu'une gestion d'organisation, c'est une gestion avant tout humaine", a conclu ce dernier.

Mi-septembre, la cour d'appel de Pau avait laissé libre sous contrôle judiciaire le Dr Bonnemaison, avec interdiction de pratiquer la médecine, d'entrer en contact avec des membres de son ancien service et de résider dans les Pyrénées-Atlantiques. Le Dr Bonnemaison avait laissé entendre qu'il avait agi en lien avec les familles.