Bac : la chasse aux tricheurs est lancée

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Sophie Amsili et Noemie Schulz , modifié à
Le gouvernement souhaite des sanctions plus sévères, même après l'obtention du diplôme.

Comment éradiquer la triche au baccalauréat ? A moins d'un mois de la première épreuve (la philosophie le 17 juin), le ministère de l'Education nationale a décidé de renforcer encore un peu plus les sanctions contre les fraudeurs. Quelles sont les principales mesures prévues par le projet de décret ?

Plus de sanctions. Les candidats soupçonnés de fraude seront plus souvent punis. Déjà en 2012, deux tiers des fraudes suspectées ont fait l'objet d'une sanction, contre un peu plus la moitié l'année précédente. Les tricheurs risquent de lourdes sanctions. La plus élevée, l'interdiction de repasser le baccalauréat pendant un à cinq ans, a été infligée à 140 élèves en 2012, contre 67 en 2011.

Notées dans le livret scolaire. Toute sanction due à une fraude ou à une tentative de fraude sera systématiquement inscrite dans le livret scolaire. Jusqu'à présent, ce n'était le cas que pour le blâme. Claire Krepper, responsable nationale du syndicat enseignant SE-Unsa, explique ne pas être opposée à cette mesure mais soulève "le problème de la durée de cette inscription" : le risque est une "double peine, c'est-à-dire qu'on est puni pour toute sa vie d'avoir fraudé une fois au bac". "Le ministère a affirmé que la mention au livret scolaire serait effacée au bout d'un an", ajoute-t-elle toutefois.

Même après avoir obtenu le diplôme. Et après avoir obtenu le bac ? Le ministre Vincent Peillon souhaite que l'on puisse poursuivre un candidat pour fraude, même après l'obtention de son diplôme. Gare donc aux tricheurs qui se vanteraient par exemple sur Internet après coup : dans ce cas, le diplôme sera retiré et un jury devra délibérer une nouvelle fois sur les résultats du candidat concerné. Cette fois encore, Claire Krepper se montre prudente : "on a demandé pendant combien de temps on allait pouvoir poursuivre un candidat après la promulgation des résultats, en sachant que les copies sont détruites au bout d'un an".

Des détecteurs de smartphones. Pour repérer les fraudeurs, des détecteurs de smartphones ont été expérimentés l'an dernier dans certains centres d'examen. Le ministère voudrait prolonger l'expérience : tous les recteurs seront équipés de ces appareils qui sonnent quand un téléphone portable est allumé.

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Des mesures insuffisantes ? Cependant, pour le SNPDEN, premier syndicat de chefs d'établissement, ces mesures vont certes dans le bon sens mais elles sont insuffisantes. Pour éradiquer la triche, c'est le baccalauréat tout entier qu'il faut revoir, explique le secrétaire général Philippe Tournier au micro d'Europe 1. "Les épreuves françaises sont très favorables à la fraude", souligne-t-il. "Beaucoup d'entre elles sont longues, certaines atteignent jusqu'à 5 heures. Il n'est pas possible d'empêcher un élève d'aller aux toilettes. A ce moment, il peut assez commodément frauder."

Autre problème : l'autorisation d'utiliser les calculatrices, dans lesquelles on peut aujourd'hui stocker "une masse considérable de données". "D'une certaine manière, c'est la tolérance aux antisèches", estime Philippe Tournier. Pour lui, "il faut des épreuves qui ne demandent pas de calculatrices ou bien (…) évaluer les étudiants sur d'autres aspects que les connaissances qu'ils peuvent trouver dans leurs calculatrices".

De son côté, Yvan de Menthon, président de l'organisation lycéenne UNL, a estimé que le ministère devrait plutôt se concentrer sur "un réel travail de sensibilisation pour ne pas frauder plutôt que de brandir des menaces de sanctions".