Autisme : la psychanalyse écartée

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La Haute autorité de santé critique "la pertinence" de cette méthode mais ne l'interdit pas.

Un désaveu pour la psychanalyse. Dans un rapport rendu public jeudi, la Haute autorité de santé (HAS), estime que la "pertinence" des approches psychanalytiques dans la prise en charge de l'autisme n'est pas démontrée.

Le rapport en question indique que "l'absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle" dans la prise en charge de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement (TED).

Des pratiques "non recommandées"

L'autorité se garde toutefois de condamner ouvertement les méthodes psychanalytiques et se contente de les ranger parmi les pratiques "non recommandées". Pas d'interdiction de ces méthodes donc. Un positionnement qui suscite la colère du député UMP Daniel Fasquelle et des associations de famille. Ces derniers souhaitent en effet "mettre définitivement fin à l'approche psychanalytique de l'autisme" en France.

Importance des méthodes éducatives

Si l'HAS conteste l'utilisation de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme, le rapport met l'accent sur la pertinence des méthodes éducatives et comportementales, type ABA ou Teach, rapporte Le Monde.. L'HAS recommande ainsi "la mise en place précoce, par des professionnels formés, d'un projet personnalisé d'interventions adapté et réévalué régulièrement".

Ces interventions seront fondées "sur une approche éducative, comportementale et développementale, en respectant des conditions de mise en œuvre ayant fait preuve de leur efficacité: utilisation d'un mode commun de communication et d'interactions avec l'enfant, équipes formées et supervisées, taux d'encadrement d'un adulte pour un enfant, rythme hebdomadaire d'au moins 20-25 heures par semaine", indique le rapport.

L'organisme insiste également sur le rôle central des parents dans la prise en charge des troubles de leurs enfants. Les rapporteurs rappellent qu'aucun traitement ne permet de guérir l'autisme, mais seulement d'en atténuer les troubles. Les experts recommandent donc d'être "particulièrement prudents vis-à-vis d'interventions présentées comme permettant de supprimer complètement les manifestations des TED".

Le packing formellement rejeté

L'HAS et l'Anesm condamnent par ailleurs la technique controversée du "packing" (enveloppement dans des draps humides et froids) qui serait utilisée en dehors de tout protocole de recherche. L'association Vaincre l'autisme mène bataille contre cette méthode à grand renfort de manifestations et d'un film choc.

Les troubles envahissants du développement touchent entre 300.000 et 500.000 personnes en France. Un enfant sur 150 est concerné par ces troubles notait l'HAS dans un rapport de 2010. Selon les dernières études, l'autisme est quatre fois plus présent chez les garçons.