Au tribunal, mieux vaut être une femme

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Fabienne Cosnay , modifié à
Une enquête montre que les juges les condamnent à des peines moins sévères que les hommes.

Les magistrats sont plus indulgents à l'égard des femmes. C'est la conclusion d'une enquête publiée jeudi et révélée par le quotidien La Croix. Pendant deux années, deux chercheurs lillois ont assisté aux comparutions immédiates dans les tribunaux correctionnels de Lyon, Lille, Villefranche-sur-Saône, Avesnes-sur-Helpe, Bourg-en-Bresse et Hazebrouck. Cette enquête montre comment des stéréotypes influent sur les décisions de justice.

Moins de peines de prison ferme

Les universitaires ont comparé les sanctions prononcées à l'encontre de 1.228 prévenus, hommes et femmes confondus. Et sont arrivés à la conclusion suivante : en prenant en compte quatre critères (infraction commise, antécédent judiciaire, situation professionnelle et nationalité), les femmes sont moins condamnées ou condamnées à des peines moins lourdes que leurs homologues masculins. A situation comparable, elles bénéficient plus souvent d'une relaxe ou d'une peine de prison assortie d'un sursis.

"Cette indulgence vis-à vis des femmes se vérifie d'autant plus que le délit est perçu comme 'masculin', explique l'un des auteurs de l'enquête, Thomas Léonard, contacté par Europe1.fr. "Moins une femme est crédible dans l'infraction qui lui est reprochée, plus elle sera jugée de manière clémente", note le chercheur en sciences politiques. Ainsi, "les délits avec violences sont, dans l'imaginaire collectif, associés aux hommes", fait remarquer le chercheur.

La comparution immédiate serait aussi plus favorable aux femmes. "Dans ce type de procédure, les magistrats doivent aller vite et ont peu d'informations sur les prévenus. Les stéréotypes marchent d'autant plus", relève Thomas Léonard.

Le juge ne pose pas les mêmes questions

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Les magistrats auraient aussi tendance à être plus cléments à l'égard des femmes car moins habitués à les juger. Notamment en comparution immédiate. "Nous sommes toujours un peu surpris d’avoir à juger une femme, c’est tellement rare ! Devant ces prévenus atypiques, peut-être tentons-nous davantage de comprendre ce qui a pu les amener là et de mettre au jour les raisons économiques, sociales, psychologiques les ayant amenées à enfreindre la loi", a confié Laurence Tinseau, vice-présidente du TGI de Pontoise, à La Croix.

En consultant des comptes-rendus d'audiences, les chercheurs ont noté que les magistrats s'attardaient aussi beaucoup plus longuement sur la situation familiale des prévenues. "Un juge va demander à une mère de famille de détailler sa relation avec ses enfants, considérant que c'est primordial", précise à Europe1.fr Thomas Léonard. Ce qu'il ne fera pas forcément pour un homme.