Assises de Melun : 5 ans avec sursis pour le père qui a étouffé sa fille

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avec AFP , modifié à
VERDICT - Le maçon de 44 ans avait reconnu avoir étouffé sa fille de 6 ans, lourdement handicapée.

Le jugement. La cour d'assises de Melun a condamné vendredi à cinq ans de prison avec sursis Americo Carneiro, reconnu coupable du meurtre de sa fille de six ans, Johana. Ce maçon de 44 ans avait expliqué que le lourd handicap de la fillette lui était devenu insupportable. La cour a assorti cette peine d'une mise à l'épreuve de trois ans et d'une obligation de soin, conformément aux réquisitions de l'avocate générale.

"Un verdict d'apaisement". "C'est un verdict d'apaisement, qui concilie à la fois les exigences de la loi et la reconnaissance de l'amour qu'il portait à sa fille", a réagi l'avocat de l'accusé, Me Hubert Delarue, saluant une décision empreinte "d'humanité". "Le verdict est parfaitement adapté à a situation", a renchéri Me Sophie Ksentin, avocate de l'association La voix de l'enfant, partie civile dans le procès. "Il fallait reconnaître la culpabilité de l'accusé, tout en se montrant compréhensif à son égard", a-t-elle estimé.

"Ce n'est pas un acte d'amour". "M. Carneiro aimait sa fille, c'est certain. Mais son geste n'est pas un acte d'amour", avait souligné l'avocate générale Morgane Baudin, lors de ses réquisitions, invitant néanmoins la cour à prendre en compte "les circonstances douloureuses" de ce drame et la "personnalité" de l'accusé. "C'est un homme inséré dans la société, qui assume ce qu'il a fait et le regrette. L'intérêt de la société aujourd'hui n'est pas qu'il soit incarcéré", avait ajouté la représentante du parquet.

Il prévoyait de tuer sa femme et de se suicider. Americo Carneiro, maçon de 44 ans, était jugé pour avoir étouffé sa fille unique en plaçant sa main sur sa bouche pendant son sommeil, le 3 janvier 2011 au domicile familial de Boulancourt, en Seine-et-Marne. Il prévoyait ensuite de tuer son épouse puis de se donner la mort. Un virement de 10.000 euros avait été effectué peu de temps auparavant sur le compte de sa mère, destiné à payer les obsèques de la famille.

"Un fardeau trop lourd à porter". Décrit comme un père aimant et attentionné par l'ensemble des témoins, il se trouvait "au plus bas", "perdu", lorsqu'il a tué sa fille. D'après un expert psychiatre, son discernement était "en partie altéré". Pour l'avocate générale, ces circonstances particulières n'enlèvent toutefois rien à la gravité des faits reprochés. "Le handicap de Johana ne justifiait pas un tel geste. Ce n'est pas parce qu'on est handicapé qu'on n'a pas le droit de vivre", a-t-elle insisté. "Cet homme est d'une sincérité totale, ce n'est pas un dissimulateur. Il était convaincu que son enfant était en grande souffrance, et n'avait pas d'avenir", a appuyé son avocat, Me Hubert Delarue. "Le fardeau était devenu trop lourd à porter."

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