Affaire Bettencourt : "Gentil stigmatisé"

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avec Alain Acco , modifié à
INTERVIEW E1 - Valérie Noël a défendu son collègue Gentil, accusé de proximité avec une experte.

"Je suis consternée". Valérie Noël, discrète magistrate en charge du dossier Bettencourt à Bordeaux avec les juges Cécile Ramonatxo et Jean-Michel Gentil, est sortie de sa réserve jeudi soir, sur Europe 1. La juge a tenu à défendre son collègue, accusé d'accointances avec l'une des cinq experts nommés dans ce dossier ultra-médiatisé. "Une fois de plus, on stigmatise mon collègue Jean-Michel Gentil alors que toutes les décisions sont prises à trois", a-t-elle affirmé.

"Je ne la connais pas". Partant de ce postulat, Valérie Noël "ne voit pas comment on peut nous reprocher une proximité avec tel ou tel. Moi personnellement, je ne connais pas du tout l'experte, si ce n'est pour sa renommée ou son professionnalisme", a-t-elle expliqué à Europe 1. "Je ne la connais pas personnellement. Je n'ai ni mangé, ni même pris un café avec elle", poursuit la magistrate, sans voir d'ailleurs le problème. "Si on ne peut plus désigner un expert de qualité parce qu'il connaîtrait tel ou tel, on va avoir un peu de mal à travailler".

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Un "collège d'experts", pas une experte. Valérie Noël s'agace un peu plus quand on met en avant Sophie Gromb, l'experte en question, toute seule dans ce dossier. "C'est faux. L'expertise de Liliane Bettencourt a été réalisée par "un collège d'experts de haute renommée qui n'apprécie peut-être pas qu'on imagine qu'ils aient été eux-mêmes sous la main d'un autre expert". Quant à la proximité entre le juge Gentil et le médecin Sophie Gromb, qui était son témoin de mariage, la magistrate assure qu'elle "n'en sait rien".

"Un peu loin dans le délire". Révélé, ce lien d'amitié entre le juge et l'experte, a donné du grain à moudre à la défense des personnes mises en examen dans le dossier Bettencourt. "Ces faits caractérisent un conflit d'intérêt manifeste qui jette la suspicion sur l'impartialité de l'expertise sur laquelle repose la procédure d'instruction", estiment dans un communiqué commun les 15 avocats de la défense. "Je trouve qu'on va un petit peu loin dans le délire, sur l'interprétation qu'on fait du code de procédure pénale. J'avoue que je comprends mal", glisse Valérie Noël.

De la communication plus que du droit. La magistrate est cependant loin d'être inquiète, car tout cela ne lui "paraît pas relever du droit, plutôt de la communication". "S'il y a des recours qui doivent s'exercer, si les uns et les autres ont envie de contester tel ou tel acte du dossier, qu'ils le fassent selon les voies légales, et puis on verra ce qu'il se passera sur le plan judiciaire", conclut-elle. Aucune poursuite n'a encore été engagée.