AZF : 10 ans après, le recueillement

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et Benjamin Peter avec AFP , modifié à
Des rassemblements en marge de la cérémonie officielle sont organisés pour les 10 ans du drame.

Journée de recueillement mercredi à Toulouse. Dix ans après l'explosion de l'usine AZF, qui a fait 31 morts et des milliers de blessés - la plus grave catastrophe industrielle depuis 1945 en France - la ville se recueille. En souvenir de ce sinistre anniversaire, des sirènes ont retentis dans la ville, à 10h17, heure précise de l'explosion. Un silence lourd s'est installé, pendant quelques instants, sur les différents lieux de la commémoration.

"Il ne faudra jamais oublier"

La municipalité socialiste a tenté d'organiser la première cérémonie unitaire depuis dix ans. Un millier d'anonymes et de personnalités, nationales et locales ont participé à la cérémonie. Les participants se sont réunis devant une stèle érigée sur le site de l'ancienne usine entièrement démolie aujourd'hui.

Interrogé par Europe 1, l'ancien directeur de l'usine ne cache pas son émotion. "Je revois mes collègues, mes collaborateurs, ceux qui sont là, qui étaient là. Je souhaite pour ces gens que la vérité sorte", confie-t-il.

Côté personnalité politique, Éva Jolie a déclaré : "je suis venue pour faire part de ma colère et soutenir les victimes d'une tragédie industrielle qui était peut-être évitable". "Il ne faudra jamais oublier ce drame mais il faut aussi ouvrir une nouvelle page pour Toulouse", a poursuivi le maire de la ville, Pierre Cohen.

"A la suite d'AZF, de nouvelles mesures devaient être prises pour renforcer la sécurité des usines à risques", a souligné Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force ouvrière.

Des militants font bande à part

Des rassemblements sont organisés en ordre dispersé pour commémorer le dixième anniversaire de l'explosion de l'usine chimique AZF. Plusieurs associations ont préféré organiser des rassemblements autonomes. Les anciens salariés fédérés dans l'association "Mémoire et solidarité" ont organisé leur propre commémoration sur le site de l'usine, mais à l'écart de la cérémonie unitaire de la municipalité. Leur président, Jacques Mignard, a ensuite laissé chacun libre de rallier la commémoration officielle, mais "sans rien oublier des attaques, de l'isolement, de l'incompréhension qui a été la nôtre".

Parallèlement à cet événement, près de 300 anciens riverains de l'usine et des militants de la CGT se sont rassemblé sur un rond-point à environ deux kilomètres de l'usine aujourd'hui disparue.

Pour ces anciens riverains réunis dans l'association "les Sinistrés du 21 septembre", il s'agit de ne pas cautionner un silence complice selon eux sur la responsabilité du groupe Total, propriétaire de l'usine, en prenant part à la cérémonie unitaire.

"S'il s'agit de se réconcilier avec le groupe Total, la mairie se trompe d'adresse. Avec le groupe Total, il n'y a pas d'arrangement", a déclaré le président de l'association, Jean-François Grellier.

Un procès en appel s'ouvrira le 3 novembre pour tenter, pendant quatre mois, de faire la lumière sur la tragédie.