AF447 : le scénario du crash attendu

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avec Mélanie Taravant, Martin Feneau et AFP , modifié à
Grâce aux boîtes noires, le BEA a pu reconstituer le scénario du crash, qu'il va dévoiler vendredi.

"Je ne comprends rien" : c’est l’une des dernières phrases des pilotes, qui a résonné dans le cockpit. Elle a été enregistrée par l’une des boîtes noires de l'AF 447. La phrase traduit l’impuissance des pilotes, dépassés par une situation imprévisible.

Pour décrypter le scénario d’un accident toujours aussi énigmatique, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) a remonté le fil des événements. Dans un document de deux pages qui sera publié vendredi, les enquêteurs du BEA reviennent sur les deux dernières heures du vol, jusqu’aux quatre dernières minutes fatales.

Des pannes en cascade

Graphique à l’appui, ils détaillent l’incroyable concours de circonstances qui a conduit à l’accident du vol Rio-Paris qui a coûté la vie à 228 personnes en juin 2009. Les équipements de l’avion ont subi des pannes en cascade. Une première sonde Pitot a gelé. Celle qui devait la remplacer a gelé à son tour, tout comme la troisième sonde de rechange.

Là, le calculateur de vitesse se serait déréglé. Les alarmes ont alors retenti et le pilotage automatique a été désactivé d’office. Les pilotes étaient alors censés suivre une check-list leur permettant de faire voler l’avion manuellement. Le commandant de bord, qui n’était pas dans le cockpit, est arrivé au bout de deux minutes. Avec beaucoup de sang-froid, selon le BEA, il a repris les commandes et donné des instructions à ses deux co-pilotes.

Mais les 120 secondes qui restaient étaient trop courtes pour pouvoir redresser la situation. Pendant deux minutes, l’avion a poursuivi sa chute vertigineuse, en restant à plat, sans piquer du nez. Il a dévalé 11.000 mètres avant de percuter l’océan.

Trop de fuites dans la presse, selon les familles

Le détail de l’accident était très attendu par les proches des victimes, qui se sont plaints lundi, dans un courrier adressé à François Fillon, de ne pas être tenus au courant de l’avancée du dossier que par des fuites dans la presse.

"Depuis le début de l'exploitation des données" des boîtes noires repêchées début mai au large du Brésil, "nous assistons à une large divulgation d'informations qui devaient rester confidentielles jusqu'au rapport final et dans le strict cadre de l'enquête", se sont indignés les familles.

Les familles "en attente d'informations"

"Quotidiennement, c’est très dur parce qu’on le suit à la télé, on le suit de plein fouet. On est tellement en attente d’information qu’on en voudrait toujours plus", a expliqué sur Europe 1 une proche de victime du crash. Ophélie, qui a perdu son grand frère dans le crash, a décidé de parler pour la première fois depuis le drame.

"On s’attend à tout" :

Mardi, l'ancien secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, avait dit regretter les fuites, tout en notant qu'il était "absurde d'incriminer quiconque" pour le moment.