80 km/h : les motards manifestent leur colère à Paris

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Les motards protestent contre l'instauration "absurde" et "dangereuse" de la limitation de vitesse à 80km/h sur le réseau secondaire dès le 1er juillet.

Quelques centaines de motards ont manifesté leur "colère" à Paris samedi après-midi, à la veille de l'entrée en vigueur de la limitation à 80km/h sur les routes secondaires, une mesure selon eux "aberrante" et "pompe à fric".

400.000 km de routes concernés. Réunis devant le château de Vincennes, ils sont partis en cortège un peu après 15h, pour une "traversée de Paris", en direction de la tour Eiffel, a indiqué la fédération française des motards en colère (FFMC), l'une des organisations qui avaient appelé à manifester. La limitation de vitesse passera dimanche de 90 km/h à 80 km/h sur 400.000 kilomètres de routes à double sens sans séparateur central, malgré l'opposition d'automobilistes, de motards et d'élus locaux.

"Non à la sécurité rentière", "État bandit", "Halte au racket Manu", "Édouard aux besoins d'argent", pouvait-on lire sur des pancartes accrochées aux motos, messages au président Emmanuel Macron et au premier ministre Édouard Philippe. Comme Thierry et Isabelle, qui accrochaient un drapeau breton à leur moto avant le départ, ils étaient nombreux à être venus de régions rurales où se situent la plupart des routes concernées. "En campagne, on a beaucoup de lignes droites, on ne peut pas faire du 80km/h", a dit Isabelle, 55 ans. Elle et son mari ont déjà fait "toutes les manifs en Bretagne" pour protester.

Une mesure "absurde". "C'est un réel danger de rouler à la même vitesse que les poids lourds", a ajouté Philippe, un autre Breton. "C'est juste un racket monstrueux, ils ne savent plus quoi faire pour trouver du fric. Ça va faire chier le monde, ça va créer des embouteillages et des accidents. C'est complètement absurde", a protesté Gilles, 59 ans, qui ne décolère pas. 

"Ces mesures visent à trouver de l'argent, pas à assurer la sécurité des usagers de la route", a dénoncé Alain Quemener, l'un des responsables de la FFMC, qui demande comme beaucoup de motards présents, que l'État investisse plutôt dans l'installation de doubles glissières le long des routes, pour éviter que les motards ne soient "décapités, "amputés", ou dans la réparation des voies abîmées.

Réduire la mortalité routière. La mesure n'a pas pour objectif "d'emmerder le monde" avait rappelé vendredi Édouard Philippe, en reconnaissant son impopularité, quelques jours après la parution d'un sondage réaffirmant que 74% des Français y étaient opposés. Les autorités estiment qu'elle pourrait sauver jusqu'à 400 vies par an, et permettre d'inverser la courbe de la mortalité routière qui, après avoir atteint un plus-bas historique en 2013 (3.427 morts, métropole et Outre-mer confondus), est repartie à la hausse les trois années suivantes. En 2017, 3.684 personnes ont perdu la vie sur les routes.