40 ans après, l'Appel des 343

Caroline de Haas, la présidente d'Osez le féminisme, Florence Foresti, et Christine Ockrent, signataires du nouvel appel des 343.
Caroline de Haas, la présidente d'Osez le féminisme, Florence Foresti, et Christine Ockrent, signataires du nouvel appel des 343. © MAXPPP et CAPTURE
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Samira Hamiche , modifié à
Libération publie le manifeste de 343 femmes mobilisées pour l'égalité "réelle" femmes-hommes.

L’idée a quarante ans. A l’instar du Nouvel Observateur, qui avait publié en avril 1971le manifeste de 343 femmes qui avaient reconnu avoir avorté dans l'illégalité, le quotidien Libération publie samedi un texte, signé par 343 femmes exigeant une égalité réelle avec les hommes dans notre société.

Le manifeste a été initié par la très active association Osez le féminisme. Il réclame "l'égalité femmes-hommes dans les têtes et dans les faits". "Nous exigeons aujourd'hui que nos droits fondamentaux deviennent réalité", revendique le texte.

Les 343 signataires, parmi lesquelles figurent l'actrice Carole Bouquet, l’artiste contemporaine Orlan, la romancière Annie Ernaux, la sociologue Dominique Meda, la socialiste Elisabeth Guigou, la chanteuse Brigitte Fontaine, l'humoriste Florence Foresti, ou encore la journaliste Christine Ockrent, font explicitement référence au manifeste publié quarante ans plus tôt.

Prolonger les revendications des "343 salopes"

"Le 5 avril 1971, 343 femmes bravaient la loi, signant un manifeste pour dire haut et fort qu'elles aussi, parmi des milliers d'autres, avaient avorté", rappelle le texte, évoquant le "coup de tonnerre dans le ciel déjà troublé de la domination masculine" provoqué par cette initiative, qui fut une étape essentielle vers la légalisation de l'avortement en 1975.

Mais si "des progrès importants ont été réalisés depuis quarante ans", les signataires du nouveau manifeste, intitulé "L'égalité maintenant, 343 femmes s'engagent", estiment que les femmes restent "maintenues en position subalterne". "Les inégalités femmes-hommes persistent, moins visibles peut-être et plus insidieuses, mais tout aussi prégnantes et injustifiées", ajoutent-elles.

Prévoir une éducation "dès le plus jeune âge"

Le texte demande notamment des mesures "pour garantir l'égalité dans l'emploi", l'accès effectif "à une contraception libre et gratuite", la possibilité d'avorter "dans de bonnes conditions" et la fin des violences sexistes. En somme, le manifeste fait ressurgir les revendications historiques des féministes.

Mais, pour transformer l'égalité théorique en égalité réelle, il faut aussi et surtout, prône Osez le féminisme, "prévoir une éducation dès le plus jeune âge pour comprendre et remettre en cause les mécanismes de domination". Un appel aux pouvoirs publics, et à la conscience citoyenne.

La classe politique se désintéresse du sujet

Interrogée par Europe 1, l'ancienne ministre de la Femme Yvette Roudy, signataire des deux manifestes (1971 et 2011), a déploré le manque d'intérêt de la classe politique pour le sujet des droits de femmes, souvent relégué au rang de préoccupation secondaire.

"Je suis très déçue de voir à quelle allure ça va" :