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Sébastien Guyot, édité par Ugo Pascolo
En 50 ans, les espoirs de la jeunesse ont beaucoup changé, leur expressions également, exit les manifestations, et place à internet. 
L'ENQUÊTE DU 8H

La jeunesse d'aujourd'hui a-t-elle les mêmes rêves qu'il y a 50 ans ? Le 22 mars 1968 un groupe d'étudiants, emmenés notamment par Daniel Cohn-Bendit, se regroupait en assemblée générale à l'université de Nanterre et déclenchait le mouvement de Mai 68. La révolte était en marche, et avec elle les rêves de cette jeunesse : plein emploi, émancipation sexuelle, autogestion... en un mot, la liberté. 50 ans plus tard, avec presque un jeune sur quatre au chômage, les rêves sont finis, il faut se battre. Mais les armes ne sont plus les mêmes. 

Une autre forme de réussite. "La réussite n'est pas forcément matérielle ou financière, elle peut être l'épanouissement de soi-même", explique Moussa Camara, entrepreneur de 31 ans qui a grandi dans une cité de Cergy. "C'est-à-dire se lever tous les matins et porter un projet pour lequel on a envie de se battre, même si c'est de l'associatif !". "Si le matin on se lève heureux, en se disant que l'on apporte sa pierre à l'édifice, alors on arrive à redonner de l'espoir. Parce que sans espoir, il n'y a pas d'avenir", analyse ce chef d'entreprise.

Entendu sur europe1 :
Si le matin on se lève heureux, en se disant que l'on apporte sa pierre à l'édifice, alors on arrive à redonner de l'espoir. Parce que sans espoir, il n'y a pas d'avenir

Un engagement plus social que solidaire. S'il y a donc encore de l'espoir sur le plan de l'épanouissement personnel, ce n'est plus le cas dans la politique : 87% des 18-34 ans ne font plus confiance à la classe politique, selon la grande enquête "Génération What" menée en 2016. Loin des débats de l'Assemblée nationale, les jeunes s'engagent dans le social plus que dans le solidaire, tant sur la forme - service civique, bénévolat, blogs - que sur le fond - réchauffement climatique, PMA, GPA ou encore lutte contre l'homophobie.

"Un élève s'est fait frapper et insulter à cause de son orientation sexuelle", témoigne cette lycéenne. "Ça a beaucoup fait débat entre les élèves, mais ni les profs, ni les CPE, ni le directeur n'ont mis en place une procédure pour sensibiliser les élèves à ce harcèlement", explique-t-elle. "Les étudiants ont un rôle à jouer sur ça, on ne peut pas continuer à vivre avec du harcèlement comme ça, ce n'est pas possible", tranche la lycéenne. 

La crise du quart de vie. Les deux-tiers de cette nouvelle génération des 18-34 ans, ultra-connectée, préoccupée par sa popularité sur les réseaux sociaux, est aujourd'hui victime de la "crise du quart de vie". Parmi les symptômes : stress permanent, burn out, voire crise existentielle. 

"L'eau qui dort". Mais Mai 68 était aussi une révolte syndicale, et aujourd'hui, cette nouvelle génération descend moins dans la rue. Ils n'étaient pas nombreux pour dénoncer la sélection à l'université. "Mais attention à l'eau qui dort", confie le sociologue détaché à Sciences-Po Louis Chauvel. "Un tsunami de la jeunesse pourrait déferler et plus il interviendra tard, plus il sera violent".