Rougeole : pourquoi l’épidémie inquiète les autorités

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La Gironde est particulièrement touchée par la maladie depuis novembre. En 2017, la France avait déjà connu le plus grand nombre de cas depuis le pic de 2011.

130 cas, 32 hospitalisations. C’est le bilan de la rougeole en France depuis le 1er novembre dernier. Selon les autorités de santé, 81% de ces cas ont été déclarés en Nouvelle-Aquitaine, majoritairement en Gironde et dans la Vienne. Si l’on reste loin du pic de 2011 et malgré l'entrée en vigueur de l'obligation de se faire vacciner, la faible couverture vaccinale continue d’inquiéter les autorités sanitaires.

Quelle est l’ampleur des dégâts ?

Selon l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, citée par Le Parisien, "actuellement, il y a six nouveaux cas déclarés par jour", soit environ cinq fois plus pour la seule Nouvelle Aquitaine que pour l’ensemble du territoire national en 2017. "Il faut stopper cela rapidement", renchérit l’ARS.

Avec 130 cas en un peu moins de trois mois, l’épidémie reste certes à des années-lumière du pic de 2011 (15.000 personnes avaient été touchées de la maladie). Mais après être considérablement retombée (79 cas en 2016), la maladie semble progresser de nouveau. En 2017, près de 500 cas avaient déjà été constatés, un record depuis 2011, avec un foyer particulièrement fort en Lorraine. Un mort a même été déploré à Marseille cet été (une adolescente de 16 ans, le dixième en dix ans). Et avec la rougeole, les chiffres peuvent rapidement s’enflammer. Touchant particulièrement les jeunes adultes et les enfants, il s’agit d’une  infection virale hautement contagieuse, sachant qu'une personne contaminée "peut infecter entre 15 et 20 personnes", rappellent les autorités sanitaires. "C’est une maladie à prendre au sérieux" avec de possibles complications neurologiques graves, voire des décès, insiste l’ARS.

"La circulation du virus reste active dans plusieurs départements, la France n’est donc pas à l’abri d’une nouvelle épidémie d’ampleur importante, comme celles observées actuellement dans plusieurs pays européens, au premier rang desquels la Roumanie (5290 cas entre le 1er janvier 2016 et le 5 mai 2017, dont 25 décès)", renchérit Santé Publique France sur son dernier bulletin.

Une couverture vaccinale loin d’être satisfaisante

Ce qui inquiète le plus les spécialistes, c’est que la couverture n’est toujours pas à la hauteur. Depuis 2008, aucun département n’assure une couverture vaccinale à 95% de sa population, seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour éviter une propagation de la maladie. Aujourd’hui, seuls cinq départements français approchent péniblement les 85% de couverture (l’Ain, la Haute-Saône, l’Île-de-France, la Seine-Saint-Denis le Val-de-Marne). Et huit d’entre eux affichent même une couverture inférieure à 70% (Orne, Lot, Jura, Gers, Aude, Ariège, Hautes-Alpes et la Réunion), la dernière place revenant aux Hautes-Alpes, avec 61,9% (le détail ici).

"Cette couverture vaccinale insuffisante peut notamment s’expliquer par la controverse provoquée par une étude parue en 1998 dans la revue The Lancet par le britannique Andrew Wakefield, faisant le lien entre le vaccin et l’autisme", rappelait le Monde le 26 janvier dernier. Et de poursuivre : "Alors même que l’étude en question a été strictement contredite par tous les travaux de recherche ultérieurs, que la revue l’ayant publiée s’est rétractée, qu’elle était gravement entachée de manquements méthodologiques (elle était basée sur l’étude de douze patients seulement) et motivée par un financement de son auteur, l’impact médiatique qu’elle a eu sur l’opinion occidentale a alimenté une méfiance qui perdure".

Faîtes-vous vacciner, même si vous êtes déjà malade

La couverture vaccinale en Nouvelle-Aquitaine est, elle, "insuffisante" et "varie de 70,8% à 81% quand l'OMS", précise l'ARS. 84% des cas infectés n’étaient pas vaccinés du tout, et les autres n’avaient, pour la plupart, reçu qu’une dose du vaccin, contre deux recommandées. Le vaccin trivalent contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) était pourtant recommandé dès la petite enfance à 12 et 18 mois (deux doses), avant de devenir obligatoire en janvier dernier. Il peut être rattrapé à tout âge si le doute existe ou si les deux doses n'ont pas été administrées.

Si les premiers symptômes apparaissent, vous avez encore 72 heures pour vous faire vacciner. La rougeole est une infection virale dont les premiers symptômes sont une forte fièvre, suivie d’une toux, voire d’une conjonctivite, de diarrhées, de tâches à l’intérieure de la bouche puis, enfin, de points rouges sur l’ensemble du corps. Elle se transmet essentiellement par voie aérienne (il peut survivre deux heures dans l’air) et peut entrainer de très graves complications : inflammation aigue du cerveau, infection grave des poumons voire cécité, coma ou mort.

Pour tout savoir sur la rougeole, on vous conseille cette vidéo de l'Inserm :