"Première fois" : Comment en parler avec son enfant ?

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Mardi, dans "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous parle de la manière d’évoquer la question du premier rapport sexuel avec son enfant.

Le premier rapport sexuel est un événement marquant dans le développement de l’adolescent. Il est souvent perçu comme un moment de passage de l’enfance à l’âge adulte. Aborder ce sujet avec son enfant, ne serait-ce que pour l’instruire sur la contraception et la protection contre les infections sexuellement transmissibles, n’est pas chose aisée. Mardi, dans Sans rendez-vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous explique comment en venir au fait, sans gêne ni brusquerie.

Aborder la question du premier rapport sexuel avec son enfant est-il nécessaire ?

Il faut être au rendez-vous si l’enfant a des questions. Mais s’il n’en pose pas, alors qu’il existe une fluidité naturelle dans les rapports avec les parents, c’est qu’il a besoin de s’approprier de lui-même sa sexualité. La sexualité est ce qui nous éloigne le plus de nos parents. Heureusement, car sinon on aurait le sentiment de glisser dans quelque chose d’extrêmement incestueux, dans un mélange des genres.

Peut-on évoquer sa propre expérience pour parler sexualité avec son enfant ?

La première fois raconte aussi les débuts d’une personne. Dire ce qu’on en a fait, ce que l’on est encore en train d’en penser, c’est mettre indirectement une énorme pression à son enfant. C’est lui laisser croire qu’il devra nécessairement réparer, panser quelque chose qu’il n’oubliera jamais, qui va le polluer en permanence si cette première fois ne correspond pas à ses attentes. Or, quand on apprend à marcher, on commence par tomber avant de se relever, de courir, de sauter, où de dévaler les escaliers sans même y penser !

Pourquoi accorde-t-on tant d’importance à cette première fois ?

Il ne se passe jamais grand-chose la première fois. On progresse au fur et à mesure. On y met pourtant un grand poids symbolique, d’ordre religieux et moral, avec l’idée qu’il s’agit nécessairement d’une preuve d’amour, d’un passage de l’enfance à l’âge adulte. Il y a quelque chose de l’ordre du rituel initiatique. Un enfant doit se prouver qu’il devient un adulte. Avoir le sentiment que l’on est arrivé à vaincre sa peur suffit donc bien souvent au miracle de cette première fois. Il ne s’agit pas nécessairement d’arriver à jouir ou de tenter toutes les positions du Kamasutra !

Dois-je m'en tenir à un simple discours hygiéniste sur les risques et la manière de s'en protéger ?

La question de la protection ne doit pas être l’axe unique d’une conversation avec son enfant sur la sexualité. Aujourd’hui, l'éducation à la sexualité tourne toujours autour des dangers et des risques. C’est une réalité, il n'est pas question de bannir la possibilité d’une grossesse, ni celle de maladies. Mais mettre l'accent sur la dangerosité de la sexualité est contre-productif, car c’est nourrir la peur. La question du consentement personnel est également importante. Il faut donc rappeler à son enfant que la sexualité est quelque chose de merveilleux, à condition que ce soit son choix, que ce soit pour des conséquences qu'il choisit d'assumer.