Piste prometteuse pour éliminer les réservoirs du VIH : "Une découverte importante mais il faut rester prudent"

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Anaïs Huet
Une équipe de l'Institut Pasteur est parvenue à identifier une vulnérabilité dans les cellules dites "réservoirs" du virus du sida. Mais la route est encore longue avant un médicament, prévient toutefois François Dabis, directeur de l'ANRS.
INTERVIEW

Une étude publiée jeudi dans la revue Cell Metabolism vient de donner un nouvel espoir aux malades du VIH. Une équipe de l'Institut Pasteur est parvenue à identifier une vulnérabilité dans les cellules dites "réservoirs" du virus du sida, ouvrant la voie à leur élimination. "C'est une découverte importante car on va pouvoir voir sur quelles cellules on va pouvoir cibler nos actions, les dernières qui restent une fois qu'on a donné les traitements antiviraux", indique sur Europe 1 François Dabis, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS).

Des cellules mieux identifiées. Au micro de Raphaëlle Duchemin, le scientifique explique plus concrètement ce que signifie cette avancée. "Aujourd'hui, lorsque l'on donne un traitement à une personne atteinte du VIH, on voit le virus disparaître de son sang, mais on sait qu'il reste quiescent (inactif, dormant, ndlr) dans beaucoup de tissus de l'organisme. Les chercheurs de l'Institut Pasteur ont réussi à identifier un peu mieux où sont ces cellules, et comment elles fonctionnent. Ils ont même testé sur des cultures de cellules comment on pourrait leur taper dessus et arriver à faire en sorte que le virus soit totalement contrôlé", clarifie-t-il.

Un processus de vérification long. En clair, "c'est bien sûr une bonne nouvelle mais il faut rester extrêmement prudent", car le chemin sera long avant de voir les éventuels effets de cette découverte scientifique. "Il va falloir qu'on précise, qu'on affine, qu'on vérifie par d'autres moyens si ces mécanismes sont bien accessibles à des médicaments. Après, on va probablement faire des modèles expérimentaux puis animaux pour voir si cela marche, avant de passer à des recherches chez l'homme", détaille François Dabis. Si les pistes sont vérifiées, le processus prendra certainement entre 3 et 5 ans.