Délais d'attente chez l'ophtalmo : ce que recommande la Cour des comptes

La France comptait près de 6.000 ophtalmos début 2017.
La France comptait près de 6.000 ophtalmos début 2017. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans un rapport publié jeudi, la Cour des comptes veut autoriser les opticiens et orthoptistes à rédiger la première prescription de lunettes, pour répondre à "la rareté croissante de l'offre de soins ophtalmologiques". 

Les délais d'attente chez l'ophtalmo ont encore de beaux jours devant eux... À moins d'élargir les compétences des orthoptistes et des opticiens, en les autorisant notamment à rédiger la première prescription de lunettes, suggère la Cour des comptes dans un rapport publié jeudi.

Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le reste à charge zéro pour certaines offres de lunettes d'ici à 2020, va "réduire la barrière financière à l'accès aux soins visuels", concèdent les Sages de la rue Cambon dans leur rapport annuel sur la Sécurité sociale. Problème, la mesure "ne traite pas la principale difficulté d'accès : la rareté croissante de l'offre de soins ophtalmologiques".

87 jours en moyenne pour obtenir un rendez-vous, selon une enquête Ifop. La France comptait près de 6.000 ophtalmologues début 2017, soit une densité moyenne de 8,8 pour 100.000 habitants. Un ratio qui recouvre de fortes disparités territoriales, avec par exemple 2,1 ophtalmo pour 100.000 habitants en Haute-Saône, contre 21 pour 100.000 à Paris.

En conséquence, "sur de nombreux territoires, les patients se heurtent à des délais importants, même en cas d'urgence, pour obtenir une consultation", voire à des refus purs et simples quand ils ne sont pas déjà suivis. Selon une récente enquête Ifop citée par la Cour, "il fallait attendre en moyenne 87 jours en 2017 pour obtenir un rendez-vous" (10 de plus qu'en 2013). Or, sans "réorganisation", ces difficultés vont "s'accentuer", préviennent les Sages.

Alors que l'ophtalmologue reste "le pivot de la prise en charge visuelle" en France, la profession vieillit et ses effectifs vont diminuer jusqu'en 2030, en lien avec les baisses de places de formation décidées par les pouvoirs publics de la fin des années 1980 à 2010. À l'inverse, les orthoptistes, des "kinés de la vue" réalisant des actes de rééducation et de réadaptation visuelle, ont plus que doublé depuis 2000, avec plus de 4.600 professionnels recensés en France début 2017. Le nombre d'opticiens-lunetiers a quant à lui plus que triplé sur la même période, à près de 36.000.

Autoriser les opticiens à "prescrire des équipements d'optique en première intention". Certaines tâches leur ont bien été déléguées ces dernières années mais pour des "effets marginaux", note la Cour. Actuellement, les opticiens sont habilités à renouveler et à adapter les ordonnances des verres correcteurs et de lentilles de contact pendant un certain temps, en fonction de l'âge du patient. La Cour propose d'autoriser ceux qui approfondiraient leur formation au niveau master (bac+ 5, contre l'actuel BTS à bac+2) à "prescrire des équipements d'optique en première intention". 

De leur côté, les orthoptistes peuvent réaliser des bilans visuels, des actes de dépistage, des mesures de l'acuité visuelle et de la réfraction et des examens préparatoires à une consultation... mais dans le cadre d'un protocole et dans une structure comprenant un médecin, qui reste prescripteur.  Pour les Sages, ceux "dont la formation serait portée du niveau licence actuel (bac+3) au niveau master (bac+5) devraient être admis à effectuer des bilans visuels et des consultations simples de premier recours dans leur propre cabinet, sans être salariés d'ophtalmologues, et prescrire à ce titre des équipements optiques".