Sport santé 3:14
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, lundi après-midi, le Professeur François Carré, cardiologue au CHU de Rennes, a expliqué à quel point le sport était reconnu comme fondamental dans le traitement d'une maladie chronique, et comment les professionnels prenaient progressivement en compte cet apport.
INTERVIEW

Le cliché a eu la vie dure. Comment peut-on soigner un malade grâce au sport ? Comment l'activité physique peut-elle soulager une douleur, éviter d'autres pathologies et améliorer globalement la vie d'un patient atteint d'une maladie chronique comme le diabète ou la dépression ? Loin de ce dénigrement du sport dans la prise en charge d'une pathologie, le Professeur François Carré, cardiologue au CHU de Rennes, estime dans Sans Rendez-vous sur Europe 1, lundi, que le monde de la santé "s'est longtemps trompé" avant de reconnaître les bienfaits de l'activité physique pour les malades.

L'exemple du "football en marchant"

Il y a d'abord eu les mauvais conseils, les prescriptions inadaptées. "On s'est trompés parce qu'on disait aux gens 'marchez' ou 'faites du vélo' sans demander aux gens s'ils aimaient faire du vélo", analyse François Carré. "Maintenant, on a complètement changé notre fusil d'épaule en proposant toutes les activités physiques." Et pour cause : le circuit du plaisir doit obligatoirement être activé pour les patients à qui l'on conseille de faire du sport : "Quand on va prendre ce traitement de sport à vie, on comprend bien que si on va le faire trois fois par semaine et que c'est une corvée, on ne va pas le faire. Le but, c'est l'envie."

" Jusqu'à maintenant, dans les études de médecine obligatoires, il n'y avait pas de temps sur la prescription de l'activité physique "

Aujourd'hui, les médecins ne se bornent plus à conseiller, en fin de consultation, un peu de vélo, d'exercice ou de marche : l'offre médicale couvre désormais un spectre beaucoup plus large de sports à conseiller aux malades, comme le football en marchant, "proposé par la Fédération française de football". "On diminue la pression artérielle, le mauvais cholestérol et le diabète chez les gens qui font du football en marchant. On n'a pas le droit de courir, mais on peut en revanche faire des gestes techniques."

La méconnaissance des bienfaits du sport qui a longtemps prévalu tient aussi à la formation des professionnels. "Jusqu'à maintenant, dans les études obligatoires de médecine, il n'y avait pas de cours sur la prescription de l'activité physique. Mais ça va changer, puisque les programmes doivent changer."

Deux obstacles majeurs

Deux obstacles subsistent néanmoins en vue de la pleine reconnaissance du sport comme dans le milieu médical. D'abord, "il faut que les médecins soient convaincus et croient les preuves que nous avons, tandis que les malades doivent le leur demander s'ils ne prescrivent pas de sport".

Deuxièmement, "la prise en charge reste un problème car il y a un blocage de la part de la Sécurité sociale", déplore le Professeur François Carré. "Il faut savoir que ça avance. On a entendu la ministre de la Santé qu'il y aurait une participation au niveau des cancers, ce n'est pas bien défini mais un geste va être fait." Il se félicite également du fait que "plusieurs mutuelles commencent à prendre en charge" les prescriptions de séances de sport, possibles depuis 2017. "Des villes participent aux frais de la prise en charge, donc des choses se mettent en place."