L'épilation "définitive" bientôt réservée au médecin ?

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Des esthéticiennes manifestaient, en 2008, pour réclamer que le droit français encadrant les nouvelles technologies du massage et de l'épilation soit harmonisé avec celui des pays européens voisins. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le tribunal correctionnel de Paris dira mardi qui, du médecin ou de l'esthéticienne, peut pratiquer l'épilation à la lumière pulsée.

La justice va trancher. Le tribunal correctionnel de Paris se prononcera mardi pour déterminer qui, du médecin ou de l'esthéticienne, peut pratiquer l'épilation "définitive" à la lumière pulsée, un soin considéré comme relevant de la médecine, selon plusieurs récentes décisions de justice.

"Exercice illégal de la médecine". Plusieurs syndicats de professionnels de la santé avaient attaqué en janvier des enseignes et franchises d'esthétique (International Esthétique, Depil Tech ou encore Sunso) pour "exercice illégal de la médecine". L'avocat Alexandre Varaut, représentant de syndicats de médecins et de la SARL Docteur Debray, s'était demandé ce qu'on ferait "lorsqu'on aura un oeil ou un sexe brûlé?", jugeant "illicite de pratiquer l'épilation par lumière pulsée quand on n'est pas médecin". "Fournir les moyens de commettre une infraction c'est se rendre coupable", avait martelé l'avocat, rompu aux affaires liées à l'épilation définitive.

Une pratique encadrée par la loi. La pratique de l'épilation est encadrée par un arrêté de 1962 qui prévoit que "tout mode d'épilation est un acte médical, sauf l'épilation à la pince ou à la cire". Depuis plusieurs années, nombre de centres de beauté ont développé une offre d'épilation à la lumière pulsée, méthode connue pour freiner la repousse du poil à moyen, voire long terme, et couramment utilisée par quelque 30.000 instituts en France.

"Un procès politique", estime la défense. David Simhon, l'un des avocats de la défense, avait dénoncé "un procès politique initié par un médecin, président d'un syndicat médical, contre d'autres qui sont eux présidents de syndicats dans l'esthétique". Affirmant que la société plaignante avait un chiffre d'affaires de plus de 3 millions d'euros, il avait estimé qu'il ne s'agissait "pas de défendre la santé publique mais un intérêt économique", voire "un monopole".

Jurisprudence. Ces dernières années, la justice, saisie à plusieurs reprises de procédures dans le domaine de l'épilation définitive a rendu plusieurs décisions en faveur des médecins. Ainsi, en décembre 2014, le tribunal correctionnel de Lorient a condamné cinq esthéticiennes poursuivies par des médecins pour "exercice illégal de la médecine". Même condamnation en mars de la même année pour trois instituts de beauté d'Orléans et Blois pratiquant l'épilation à la lumière pulsée.