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Catherine Blanc
Lundi, dans "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc répond à Hélène. Cette auditrice ne comprend pas pourquoi son compagnon a acheté un sextoy. Elle se demande comment réagir, car elle se sent moins désirée par son compagnon.

De plus en plus design et toujours plus technologiques, les sextoys sont conçus pour séduire un nombre croissant de consommateurs. Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc tente de comprendre la place que doivent occuper ces objets au sein des couples.

La question d'Hélène

"Mon copain s'est acheté un anneau vibrant à mettre sur son pénis. Mais ce genre de gadget ne me plaît pas vraiment. Cela me trouble et je trouve ça étonnant qu'il ait besoin de ça pour me faire l'amour après quatre ans de relation. Je me sens moins désirée. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Il n'y a pas de règle. Il y a l'envie de découvrir des choses, de faire découvrir des choses à l'autre. On n'est pas obligés de faire des réunions avant l'achat. Je crois que ça peut se tenter. Et puis ça le fait ou ça ne le fait pas. Après, la question, c'est pourquoi on le fait ? Quelle est la recherche personnelle là-dedans ? Le message à l'autre ?

Il faut comprendre quel est le sens de cet usage. La sexualité est un jeu. A propos du fait que ce soit vibrant, il faut comprendre que nos organes sexuels, le pénis comme le clitoris, ont des récepteurs particulièrement sensibles aux vibrations. Dans la sexualité, nous émettons des vibrations par les contacts. Il y a une sensibilité plus accrue qu'avec les caresses. On peut donc comprendre qu'il ait le souhait d'éveiller quelque chose de ce point de vue-là, ce qui pourrait aussi être un stimulant pour elle.

Le fait qu'elle n'y adhère pas, c'est sûrement parce cet usage officialise trop le fait de jouer dans la sexualité et peut-être que, justement, elle souhaite que ce soit davantage amoureux, qu'il y ait des choses profondes. Là, ça fait rentrer toute une "société" en quelque sorte dans la chambre, au lieu d'être quelque chose qui s'apparente au témoignage d'un amour et d'un désir de l'un pour l'autre. C'est peut-être ce qui explique qu'elle est un peu réfractaire.

Son compagnon n'a-t-il pas essayé de lui faire plaisir ?

Ce sextoy fait des vibrations sur son pénis également. Mais il est vrai que l'anneau étant à la base du pénis, c'est particulièrement sur le sexe féminin qu'il va agir et notamment au niveau du clitoris et de l'entrée du vagin en quelque sorte. Si elle est réfractaire et si elle ne se sent pas désirée, c'est parce que justement elle croit qu'il l'a fait pour lui et non pour elle.

N'a-t-elle pas pris ce sujet trop à cœur ?

Le fait que ce soit joué enlève de la valeur et de la profondeur au sentiment de la relation. Cela explique sa confusion et elle croît qu'il a acheté quelque chose pour lui, alors que c'est pour leur sexualité et a fortiori pour elle, qui le ressentirait beaucoup plus. Elle a le sentiment que son compagnon agit ainsi parce que leur sexualité serait plan-plan et qu'il faudrait l'agrémenter, comme si elle n'avait pas matière à être source d'excitation. Mais cela part d'une confusion : il le ferait pour lui, alors que c'est pour leur sexualité. Ça manque furieusement de communication.

Une vie peut-elle être équilibrée sans sextoy ?

On n'a pas besoin de sextoy comme on n'a pas besoin, d'ailleurs, de faire l'amour. Il n'y a pas de besoin au sens d'un besoin vital. Faire l'amour est une joie, un partage, mais ce n'est pas parce qu'on est dans cette joie et ce partage qu'on est obligés de l'agrémenter systématiquement, comme si on allait s'ennuyer. Comme s'il fallait toujours que ce soit différent pour que ce soit intéressant ! Pourquoi ne sait-on pas faire avec les choses telles qu'elles sont ? Pourquoi ne cherche-t-on pas à les développer ? Et pourquoi, quand on va le chercher ailleurs, on a le sentiment que c'est nier ce qui s'est passé ? On peut tout à fait rester dans le cadre de la rencontre des corps, mais on peut aussi aller chercher ailleurs, sans y voir le déni de la relation et de sa légitimité."