Faut-il s'inquiéter d'une perte de libido après un accouchement ?

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Mardi, dans "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous parle de la libido après un accouchement.
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La naissance d’un enfant chamboule du tout au tout la vie d’un couple. Chez la jeune mère, cette arrivée se traduit souvent par une baisse brutale de la libido, un phénomène d'abord physiologique. Faut-il s’en inquiéter ? Au bout de combien de temps renoue-t-on avec le désir ? Comment ? Mardi, dans Sans rendez-vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous explique comment combiner désir et maternité.

Pourquoi la libido d’une femme baisse-t-elle après un accouchement ?

"Encore allaitante, la femme fabrique une hormone, la prolactine, qui est anti-érotique, c’est-à-dire anaphrodisiaque. Ce mécanisme naturel est supposé permettre aux mères de nourrir correctement leur enfant, plutôt que d'en avoir d’autres par retour de couche, risquer de tarir leur lait et ainsi mettre en péril la vie du premier né. Désormais, avec le développement de l’alimentation industrielle pour bébé, les mères ne sont évidemment plus soumises à cette nécessité de subvenir aux besoins du nourrisson par le biais naturel.

Sur un plan psychologique, le désir d’une femme pour son partenaire peut également être motivé par un désir d’enfant. Dès lors que l’enfant est là, le désir n’est plus car le but de la maternité a été atteint. Certaines mères se satisfont de ce sentiment merveilleux d’avoir pu faire un petit être et d’avoir avec lui un lien d’exclusivité."

Au bout de combien de temps revient la libido après un accouchement chez une femme ?

"Un laps de temps assez court. Si une femme n’allaite plus, les hormones se remettent en place dans les 40 jours. C’est aussi le temps qu’il faut, après un accouchement, pour que l’utérus reprenne forme. Mais après neuf mois de grossesse, des nuits agitées, éventuellement des points de suture et un besoin de cicatrisation, on peut comprendre qu’il faille davantage de temps pour pouvoir se réapproprier son corps. Vouloir presser la nature, s’inquiéter dès que tout n’intervient pas en temps et en heure est une erreur."

Si la libido ne revient toujours pas au bout de plusieurs mois, faut-il consulter un professionnel ?

"Il y a des tas de femmes qui n’ont pas de libido, mais qui vont quand même faire l’amour et, chemin faisant, retrouver le désir. Dans d’autres cas, la libido est là, mais il y a une telle pression de l’environnement extérieur : être opérationnelle pour le bébé, pour son mari, pour le travail, etc., qu’il n’y a tout simplement plus de place pour le désir. Il faut consulter un sexologue si l’absence de libido est vécue par soi comme un problème, car il ne s’agit pas d’une maladie, ni d’un symptôme. On consulte pour avoir un avis autre que celui de la personne avec qui l’on vit, un avis dépourvu d’intérêt personnel."

La présence du lit de l’enfant dans la chambre parentale est-elle nécessairement dangereuse pour l’intimité du couple ?

"Tous les psychanalystes conseilleront d’éviter la présence du bébé dans les moments d’intimité, ne serait-ce que pour empêcher qu’il s’habitue à être dans la chambre des parents. De plus, l’enfant a un flair particulièrement développé quand il est petit : il sent les montées de lait. Dormir à coté de sa mère fait qu’il se réveillera tout le temps. C’est un tue-l’amour absolu parce qu’elle l’entendra bouger, respirer… Certes, il est plus facile d’avoir le bébé a proximité, pour l’attraper d’un bras, mais il faut pouvoir lui offrir son espace le plus vite possible, pour retrouver le sien."