Des spermatozoïdes in vitro contre l'infertilité ?

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Photographie d'illustration © MARCEL MOCHET / AFP
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SANTÉ - Des chercheurs français ont réussi à reproduire in vitro des spermatozoïdes, "une première mondiale", selon eux. 

Une avancée de plus dans la reproduction humaine. Des chercheurs français de la société de biotechnologie Kallistem ont annoncé mercredi avoir réussi à créer des spermatozoïdes in vitro. Cette "première mondiale", selon ses auteurs, est en attente de publication dans une revue scientifique. Les spermatozoïdes qu'ils ont obtenus, conçus à partir de cellules d'hommes stériles, sont complètement formés.

Utilisation de tissus humains. Les spermatozoïdes se développement normalement dans des spermatogonies, des cellules situées au sein des testicules. Ce sont ces cellules que des chercheurs ont réussi à extraire. Dans des éprouvettes, ce "tissu humain" a ensuite mûri in vitro pour donner au final des spermatozoïdes.

La société Kallistem, pour parvenir à ce résultat, dit avoir utilisé "deux technologies innovantes brevetées". La meilleure avancée jusqu'à aujourd'hui provenait d'une équipe de chercheurs israéliens et canadiens. Ils avaient réussi en 2014 à obtenir des gamètes potentiellement fécondants à partir de cellules souches de peau humaine.

Un espoir pour les hommes stériles ? Cette avancée inédite, qui permet d'obtenir des spermatozoïdes formés et opérationnels, pourrait à l'avenir venir en aide aux hommes souffrant d'infertilité. Une fois formé en éprouvette, un spermatozoïde serait ensuite, dans le cadre d'une FIV, introduit dans un l'ovule de leur conjointe afin de permettre la reproduction. Actuellement, les hommes infertiles doivent avoir recours à une procréation médicalement assistée (PMA) avec du sperme provenant d'un donneur anonyme.

Mais avant une application concrète, il va falloir être patient car un tel résultat peut mettre de longues années avant d'être appliqué à grande échelle. Les chercheurs doivent notamment vérifier si les spermatozoïdes ainsi conçus transmettent efficacement, comme ceux issus directement des testicules, leur patrimoine génétique. Ils misent sur 2017 pour de premiers essais cliniques qui déboucheront sur des FIV.

Et d'un point de vue éthique ? La manipulation ne présenterait pas de problèmes éthiques, selon le docteur Gérald Kierzek, consultant santé interrogé vendredi sur Europe 1 : "on n'est pas du tout sur du clonage ou sur de la manipulation génétique puisqu'on force simplement un peu la nature en prenant du tissu humain sans modifier le patrimoine génétique".