Dès 1997, des chercheurs du CNRS avaient alerté sur les dangers du diesel

Dès 1997, des chercheurs du CNRS avaient publié une étude sur les dangers du diesel.
Dès 1997, des chercheurs du CNRS avaient publié une étude sur les dangers du diesel. © PATRICK PLEUL / DPA / AFP
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N.M. , modifié à
Dans un rapport, des chercheurs démontraient que l'exposition au diesel augmentait le risque de développer un cancer du poumon.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a classé le diesel comme produit "cancérogène certain" dès 2013. Mais selon le journal Le Monde, des scientifiques ont découvert bien avant la dangerosité de ce carburant. En 1997, des chercheurs du CNRS ont en effet publié un rapport sur le sujet. Mais, jamais publié, il est tombé aux oubliettes.

Des études accablantes. Le rapport de 245 pages écrit sur la base des travaux d'une quarantaine de chercheurs est intitulé "Diesel et santé". Sur les 25 études épidémiologiques qui y sont réunies, 22 démontrent que les humains confrontés au diesel ont plus de risque de développer un cancer du poumon, selon le quotidien, qui a pu consulter une des rares copies encore existantes aujourd'hui. 

"Une alerte". "Il y avait clairement une alerte", explique au Monde un des auteurs du rapport qui veut garder l'anonymat. "A long terme, chez le rat", les émissions diesel "induisent la formation de tumeurs pulmonaires", ajoute-t-il. Et même si en 1997, il était "illusoire" de quantifier l’effet du diesel sur les taux de cancer du poumon chez les humains, "de nombreuses études épidémiologiques suggèrent qu’une exposition à long terme pourrait participer, certes faiblement, à la cancérogénèse".

Aucune réponse du ministère. Si le rapport ne surgit qu'aujourd'hui, c'est qu'il a été rapidement enterré en 1997. Pierre Tambourin, biologiste, rapporte que les conclusions du rapport avaient été mal accueillies lors de leur présentation : "Certains ont vu ce rapport comme une menace pour notre industrie automobile". Catherine Bréchignac, directrice du CNRS à l'époque, explique avoir transmis ce rapport plusieurs fois au ministère de la Recherche sans recevoir de réponse en retour. Elle avait alors décidé de rendre publiques les conclusions des chercheurs via un communiqué de presse.