Sida : le rétroviral Truvada circule déjà sous le manteau

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Mélanie Gomez et Noémi Marois , modifié à
SANTÉ - Ce médicament de prévention actuellement en test suscite l'espoir mais n'est, pour l'instant, pas disponible en France.

Et si le Truvada était la solution contre le sida ? Ce rétroviral, testé en ce moment sur des personnes séronégatives à risques, pourrait protéger du virus à titre préventif. Les associations demandent une utilisation plus large de ce nouveau traitement qui donne des résultats prometteurs, alors que 7.000 à 8.000 nouvelles contaminations ont lieu chaque année en France.

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Comment ça marche ? Le rétroviral Truvada, en se prenant avant et après une relation sexuelle, réduit le risque de 80%. C'est en tout cas l'enseignement de tests actuellement menés sur 400 homosexuels en France. "Le Truvada permet d'avoir, au moment où le virus essaye d'entrer dans l'organisme, d'opposer un médicament qui va le bloquer sa pénétration", explique à Europe 1 le Professeur Jean-Michel Molina de l'hôpital Saint-Louis de Paris qui pilote l'étude. "Cela va probablement changer la manière dont on appréhende la prévention du sida dans les mois et les années à venir", précise-t-il. 

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Le traitement circule sous le manteau... Des résultats tellement efficaces que, selon l'association Aides, le traitement circule actuellement de manière illégale. Dans une étude menée par l'association auprès de 3.024 personnes, 4,5% des sondés ont confié avoir déjà pris ce traitement préventif, dont 14% de femmes.

Mais comment accèdent-ils à ce traitement ? Soit sur Internet (le médicament se vend aux Etats-Unis), soit sous le manteau. Le Truvada est en effet un rétroviral déjà pris par par des personnes contaminées qui suivent une trithérapie. Facile, donc, d'avoir accès à quelques cachets si on a un ami dans cette situation. 

...ou aux urgences. Autre moyen : se présenter aux urgences en prétextant un rapport sexuel non protégé… inventé de toute pièce. Les professionnels de santé prescrivent alors le fameux traitement préventif, donné dans ce cas pour bloquer la progression du virus dans l'organisme durant les premières heures suivant la contamination. 

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"Un filet de sécurité". "Le préservatif, c'est vraiment un problème de sensation, je ne sens pas grand-chose", explique à Europe 1 Nathan, 26 ans, qui participe au test. "C'est vrai que ce cachet-là, c'est au cas où, le soir, ça nous arrive d'avoir un rapport sexuel". Il voit dans le Truvada un "filet de sécurité" et un moyen de "se tranquilliser l'esprit". Avec ce traitement, il se dit "plus serein" dans sa sexualité "au cas où il y n'a pas utilisation du préservatif". 

Les gays et les femmes migrantes demandeurs. Pour Aides, l'idéal serait la mise sur le marché de ce traitement. Stéphane Calmon, son vice-président, explique à Europe 1 : "Avant une diffusion plus large de cet outil, Aides demande une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) parce que lors de notre dernière enquête réalisée auprès de 3.000 personnes, nous voyons que les personnes les plus exposées au VIH, et pas seulement les gays, demandent la mise à disposition de cet outil". 

Parmi elles, les femmes migrantes, en plus des gays, sont particulièrement demandeuses : "Le fait de mettre un préservatif, des fois, ça demande aux femmes de l'imposer à leurs partenaires alors qu'avec le Truvada, elles le prennent elle-même sans avoir à les impliquer", ajoute Stéphane Calmon.

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Bientôt disponible en France ? Ce médicament, déjà accessible aux Etats-Unis, coûte cependant 500 euros la boîte. Autre obstacle à son arrivée en France, il pourrait dissuader d'utiliser le préservatif, pourtant jugé comme le meilleur moyen de prévention. Les médecins n'ont cependant pas cette crainte. Si le Truvada réussit ses tests, il sera un complément au préservatif, et non un remplaçant. 

Stéphane Calmon d'Aides abonde dans ce sens : "Les personnes qui sont testées en ce moment au Truvada ont continué à utiliser le préservatif, parfois même plus qu'avant". 

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