Mediator : des soupçons dès 1998

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avec Nicolas Chauvin , modifié à
Un avocat a découvert des documents qui montrent que les autorités avaient des "suspicions".

"Rien n’a été fait" en France pour interdire à temps le Mediator, un médicament pour diabétiques en surpoids, prescrit aussi comme coupe-faim, et qui est à l’origine de 500 décès avérés. C’est la conviction de Me Charles Joseph-Oudin, l’avocat de certaines victimes, qui assure mercredi avoir la preuve que la sonnette d’alarme avait pourtant été tirée par les autorités françaises dès 1998.

"J’ai en ma possession des documents qui montrent que, dès avril 1998, le comité technique de pharmacovigilance de l’Agence du médicament, en France, avait pointé du doigt les similitudes entre l’Isoméride et le Mediator. Il s’était interrogé vraiment, compte tenu de la suspicion des liens entre les deux, et avait demandé à ce qu’une enquête officielle soit réalisée", a détaillé Me Joseph-Oudin, au micro d’Europe 1.

Deux alertes, aucun résultat

Problème : "cette enquête réalisée en 1998 n’a pas abouti sur l’interdiction du médicament", déplore l’avocat. Même scénario en 2006 avec le déclenchement d’une seconde alerte, qui n’a pas non plus abouti, révèle mercredi Le Canard Enchaîné.

Ce n’est qu’en novembre 2009, il y a un peu plus d’un an, que le Mediator, produit par les laboratoires Servier, a été retiré du marché français, très en retard par rapport à d’autres pays comme l’Italie, l’Espagne ou les Etats-Unis. Et la première étude de la Caisse nationale d’assurance maladie a été rendue publique il y a deux semaines, confirmant la mort de 500 patients en France.

"Les victimes ne comprennent pas"

"Aujourd’hui, les victimes ne comprennent pas comment ce médicament a pu rester sur le marché. Si ce médicament avait été retiré à temps, de nombreuses victimes n’auraient aujourd’hui aucune difficulté cardiaque", certifie Me Joseph-Oudin.

Le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a déclaré en réponse à ces révélations qu’il "voulait tout savoir sur ce dossier". Il a précisé qu’il attendait pour le 15 janvier prochain un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales.