Le succès du vaccin anti-grippe dû à un "effet Ebola" ?

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Mélanie Gomez avec , modifié à
INFO E1 - Pour la première fois en quatre ans, le nombre de personnes souhaitant se faire vacciner repart à la hausse. Europe 1 vous explique pourquoi.

Il s'agit d'une première depuis quatre ans. Alors que la campagne de vaccination contre la grippe a démarré il y a un seulement de deux semaines, on constate déjà une hausse des demandes de vaccin. Après plusieurs années de baisse, les chiffres repartent donc à la hausse. Et le vaccin fait recette particulièrement chez les plus de 65 ans, révèle Celtipharm, spécialiste du traitement statistique des données de santé, via son site Open Health. Contactée par Europe 1, l'assurance maladie a également confirmé cette tendance. Alors comment on expliquer ce regain d'intérêt pour le vaccin anti grippe ?

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Un "effet Ebola". Ce regain d'intérêt pourrait bien s'expliquer par "un effet Ebola". C'est du moins l'hypothèse de plusieurs spécialistes. Quand une épidémie est mondiale et très médiatisée, les gens se préoccupent en effet plus de leur santé. Et se font donc plus vacciner, notamment contre la grippe. C'est déjà arrivé, par exemple, à l'époque de la crise sur la grippe aviaire.

"On sait que lorsque que l'on a un phénomène sanitaire qui est en cours, les gens s'inquiètent plus de leur santé. Aujourd'hui, les médias parlent beaucoup d'Ebola. Le fait d'avoir cette épidémie, et surtout la notion du risque liée à une infection, éveille des besoins de protection. Un certain nombre de gens se disent donc qu'ils peuvent éviter la grippe en se faisant vacciner", explique Bruno Lina, virologue responsable du Centre national de référence sur la grippe.

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Des patients moins méfiants. Autre explication : sur le terrain, dans les cabinets médicaux, les patients se montrent beaucoup moins réticents cette année, constate Serge Gilberg, généraliste à Paris. "On a l'impression cette année que les gens spontanément viennent se faire vacciner contre la grippe. Et il n'y a pas d'opposition, ou pas de questionnement sur les risques, ou les effets secondaires du vaccin", remarque le généraliste, au micro d'Europe 1. Cette réticence à se faire vacciner remonte au fiasco  H1N1, en 2009, où de nombreux Français avaient rejeté ce vaccin vite fabriqué, provoquant une perte de confiance dans la parole publique.

Un graphique du site Open Health montrant que mardi, une hausse de 6% a été enregistrée par rapport à l'an dernier :

hausse du nombre de vaccin anti-grippe

© Open Health

S'il s'agit, pour l'instant, des tous premiers constats de cette campagne de vaccination, il semble tout de même que les patients soient moins méfiants vis-à-vis de ce vaccin. C'est le cas de Jean Claude, 70 ans, qui compte se faire vacciner cette semaine. "Il y a une réaction, c'est vrai, mais que l'on peu très bien maitriser avec un antiallergique. J'ai vu des gens autour de moi qui ne l'avaient pas fait et ils ont eu la grippe. Donc je préfère ne pas l'avoir", commente le retraité sur Europe 1.

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1.000 à 1.5000 décès évités si la tendance s'accentue. Selon les spécialistes, si cette tendance se confirme de nombreuses vies pourraient être sauvées. A titre d'exemple, si 15% de personnes à risque en plus sont vaccinées contre la grippe, 1.000 à 1.500 décès pourraient être évités cet hiver.  Durant l'hiver 2013-2014, la grippe a causé 105 décès directs et 7.700 décès indirects, selon les chiffres de l’Institut de veille sanitaire (IVS). Un bilan bien plus élevé qu'attendu.

Les recommandations des autorités. Le vaccin contre la grippe est fortement recommandé aux personnes les plus fragiles, aux personnels soignants ainsi qu'aux personnes travaillant avec des enfants ou des personnes âgées. Par personnes fragiles, les autorités entendent celles âgées de plus de 65 ans, les obèses, les femmes enceintes ainsi que les nourrissons de moins de six mois et les personnes ayant des maladies chroniques.

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Les souches grippales sont changeantes, il faut donc chaque année renouveler la piqûre. Les personnes les plus vulnérables reçoivent d'ailleurs un bon de l'Assurance maladie qui leur permet de retirer gratuitement à la pharmacie le vaccin contre la grippe.