Grippe A H1N1 : beaucoup de gâchis

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Plus de trois millions de doses ont fini à la poubelle et les doses restantes seront bientôt périmées.

C'est une campagne qui a coûté cher : 670 millions d'euros. La commission parlementaire, chargée de passer au peigne fin le déroulement et la gestion de la campagne de vaccination contre la grippe A H1N1 réalisée à l’automne dernier, vient de rendre ses conclusions.

3 millions de doses de vaccins jetées

Le texte met en avant des résultats de la campagne de vaccination - dont l'organisation est jugée "trop rigide" - "décevants, comme dans la plupart des autres pays". En France, 5,36 millions de personnes ont été vaccinées au 1er juin 2010, soit moins de 8,5% de la population.

"Près de 3,46 millions de doses de vaccins auront été finalement jetées ou mises au rebut", calcule la commission. "Soit une quantité particulièrement importante, surtout au regard du nombre de personnes finalement vaccinées, puisque le nombre de doses ainsi perdues représente plus de la moitié du nombre des personnes vaccinées : 64,5 %".

Des vaccins périmés

Autre problème souligné : le délai de conservation des vaccins. Selon l'Établissement public de réponse aux urgences sanitaires (EPURS), la durée de péremption des vaccins se situe, pour certains, "entre juillet et octobre 2010 et entre mars et novembre 2011, pour d’autre". Soit un délai beaucoup trop court pour pouvoir les utiliser lors d’une prochaine campagne de vaccination.

Selon la direction générale de la santé, 2,14 millions de monodoses seront périmées fin septembre et 1,81 millions fin octobre. Leur emploi dépendrait donc d'une campagne de vaccination saisonnière "précoce". Enfin, le rapport présente 42 propositions afin d’éviter de tels écueils à l’avenir. Il préconise, notamment, une meilleure coordination européenne pour mieux négocier avec l'industrie pharmaceutique pour l'achat de vaccins.

Un rapport édulcoré ?

Mais le texte présenté ce lundi n’a pas été accueilli à bras ouverts par les parlementaires. Le PS "tout en reconnaissant la qualité du travail accompli", a voté contre ce rapport rédigé par Jean-Pierre Door, un député UMP. Le PCF-GDR s'est abstenu. Le texte ne répond pas aux questions qui fâchent.

En effet, l'introduction de l’enquête précise que certains sujets délicats ne sont pas abordés : "il n'y aura pas d'analyse approfondie sur le rôle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et notamment de ses experts (...) sur la question des liens d'intérêt susceptibles d'exister entre experts et laboratoires" pas plus que sur l'efficacité et les modalités d'utilisation des antiviraux (Tamiflu...) ou la pertinence des procédures d'autorisation de mise sur le marché retenues pour les vaccins pandémiques.