Gastro-entérite : des vaccins pour bébés aux effets "préoccupants"

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avec AFP , modifié à
VIGILANCE - Deux nourrissons sont morts après des vaccinations destinées à prévenir des gastro-entérites.

Les vaccins anti-gastro administrés aux bébés ont un taux d'effets indésirables "préoccupant" selon un rapport remis à l'agence du médicament ANSM. Le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) qui recommandait jusqu'alors ces vaccinations devrait revenir sur sa décision

L'inquiétude. Les vaccins Rotarix (des laboratoires GlaxoSmithKline/GSK) et RotaTeq (de Sanofi Pasteur MSD) visent à prévenir les infections dues à un virus responsable de diarrhées chez les bébés de moins de 6 mois. Mais ces deux vaccins entraînent un nombre "préoccupant" d'effets indésirables graves, dont deux décès, selon un bilan arrêté à fin 2014 remis à l'agence du médicament ANSM.

Un risque rare. "Depuis le début de la commercialisation en France de ces deux vaccins et jusqu'au 31 octobre 2014, plus de 1 million de doses ont été distribuées. 508 notifications d'effets indésirables médicalement confirmées, dont 201 graves", ont été recueillies et analysées, souligne l'agence du médicament. Parmi les observations graves, 47 cas d'invaginations intestinales aiguës -l'incorporation d'un segment d'intestin dans la portion intestinale située plus en aval - survenues dans le mois suivant la vaccination, ont été rapportés, dont deux fatals.

Les médecins sensibilisés. L'invagination intestinale aiguë est un effet indésirable qui, bien que considéré comme très rare (moins de 1 cas sur 10.000 vaccinés), nécessite, en raison de sa gravité, une prise en charge immédiate dès les premiers signes : douleurs abdominales, pleurs répétés et inhabituels de l'enfant, vomissement, présence de sang dans les selles, ballonnements abdominaux et/ou fièvre élevée, détaille l'agence sanitaire. Un courrier a été envoyé mardi à 160.000 professionnels de santé afin qu'ils sensibilisent les familles sur ces signes survenant dans le mois suivant la vaccination, pour consulter sans délai, car la prise en charge précoce permet de soigner le bébé, selon l'ANSM.

Il appartient aux médecins de décider "au cas par cas" si le vaccin pour bébés contre des gastros, qui a causé la mort de deux nourrissons, est "utile", a déclaré de son côté mercredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Une levée de la recommandation ? Cette vaccination pour la prévention des gastro-entérites avait été recommandée en novembre 2013 par le Haut Conseil de Santé publique (HCSP). Ce dernier a "prévu de réexaminer dans les prochains jours ses recommandations" à ce sujet, indique mardi l'ANSM.

Par ailleurs, la décision de remboursement de ces vaccins doit tomber dans les prochains jours, "et ce sera non", avance un connaisseur du dossier dans Le Canard enchaîné qui note que l'obtention du remboursement aurait été un "jackpot assuré" pour les laboratoires. 

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