E-cigarettes : l'OMS prône l'interdiction aux mineurs

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
SANTÉ - L'OMS a recommandé mardi d'interdire la vente des cigarettes électroniques aux mineurs.

Les mineurs vapoteurs vont faire grise mine. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé mardi de leur interdire la vente des cigarettes électroniques. Ces recommandations ont été publiées en vue de la sixième session de la Conférence des parties à la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac qui aura lieu du 13 au 18 octobre prochains à Moscou.

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"Conséquences à long terme sur le développement du cerveau". L'OMS estime que la consommation de la cigarette électronique comporte de "graves menaces" pour les adolescents mais aussi pour les fœtus : "les éléments de preuve sont suffisants pour mettre en garde les enfants et les adolescents, les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer, contre l'utilisation d'inhalateurs électroniques de nicotine parce que l'exposition du fœtus et de l'adolescent à la nicotine a des conséquences à long terme sur le développement du cerveau". Un pictogramme, situé sur les fioles de liquide destiné à ces cigarettes, préconisait déjà son interdiction aux femmes enceintes. L'e-cigarette, ce "n'est pas simplement de la 'vapeur d'eau' comme le prétendent souvent les stratégies de marketing de ces produits", rappelle l'OMS. L'organisation admet cependant que le vapotage est moins "toxique" que la cigarette traditionnelle. 

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En France, déjà interdit aux mineurs. Sans attendre les préconisations de l'OMS, la France a déjà pris des mesures de précaution. Le Dr Bertrand Dautzenberg, professeur de pneumologie et président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), l'a rappelé sur Europe 1 : "L'OFT a rendu un rapport en mai 2013 qui préconisait cette interdiction. La ministre de la Santé l'a pris en compte et cela a été voté à l'Assemblée en mars 2014".

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L'espace public aussi visé. Les experts de l'OMS se sont également prononcés pour une interdiction de l'e-cigarette dans les espaces publics fermés, "surtout là où il est interdit de fumer, jusqu'à ce qu'il soit prouvé que la vapeur exhalée n'est pas nocive pour les tiers", selon le document de l'OMS. Les bars, les cinémas, les boîtes de nuit sont des exemples d'espace où le vapotage ne serait plus le bienvenu. 

L'OMS tranche après avoir tergiversé. En 2013, déjà, l'OMS avait conseillé d'attendre avant d'utiliser l'e-cigarette : "Tant que les systèmes électroniques délivrant de la nicotine ne sont pas considérés comme sans danger, efficaces et de qualité par un organe compétent de régulation national, les consommateurs ne devraient pas utiliser ces produits, y compris les cigarettes électroniques". L'OMS avait notamment souligné trois points problématiques : le taux de nicotine réellement contenu dans les cartouches qui diffère de celui indiqué sur le produit, la concentration en propylène glycol qui est un produit irritant, l'utilisation de produits chimiques et parfois non communiquée par les fabricants.

Des scientifiques partagés. En mai 2014, un consortium international de médecins et d'experts avait appelé l'OMS à encourager la cigarette électronique, une des "innovations les plus importantes du 21ème siècle en matière de santé", selon eux. Ce groupe avait rappelé que "la grande majorité des décès et des maladies attribuables au tabac proviennent de l'inhalation de particules de goudron et de gaz toxiques dans les poumons". L'e-cigarette a l'avantage selon eux de ne pas brûler du tabac tout en apportant au fumeur sa dose de nicotine.

En France, Bertrand Dautzenberg le reconnait : "La position est délicate puisqu'on est dans l'inconnu. Mais le tabac tue tellement de monde que c'est plutôt bénéfique que l'e-cigarette l'ait ringardisé".

Un marché en plein essor. L'OMS estime qu'en 2014, il existait 466 marques de e-cigarettes, et qu'en 2013, 3 milliards de dollars ont été dépensés dans l'ensemble du monde pour ces produits. Les ventes devraient être multipliées par 17 d'ici 2030.

Dans le monde, 1,3 milliard de personnes fument actuellement et l'OMS estime que cela causera au 21e siècle jusqu'à un milliard de morts "prématurés et évitables". 

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