Bisphénol A : à quand une décision?

© Reuters
  • Copié
, modifié à
Le député Gérard Bapt reproche à Roselyne Bachelot de trop tarder pour se prononcer.

Gérard Bapt et le Réseau environnement-santé ne sont pas contents. Dans une lettre à la ministre de la Santé, transmise vendredi à l'AFP, Gérard Bapt, député PS souligne "l'attentisme dommageable" des autorités sanitaires françaises et européennes concernant le Bisphénol A, un composé dont la toxicité sur le corps humain est en débat.

La lettre du député fait échos à la décision prise par Roselyne Bachelot, mardi, lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale. La ministre de la Santé a, en effet, indiqué qu'elle attendrait le résultat de nouvelles études sur le Bisphénol A, prévu pour "dans quelques semaines", pour prendre "les mesures de gestion qui conviennent".

"Il n'est jamais trop tard pour bien faire"

"Ce sont des centaines d'études qui ont montré les effets sanitaires du bisphénol", après expérimentation animale ou observation chez l'homme, indique le député, qui relève les initiatives prises d'ores et déjà par plusieurs Etats.

André Cicolella, porte-parole du Réseau environnement-santé, qui regroupe des scientifiques, relève que la ministre "reconnaît déjà que le problème existe" alors que "jusqu'à présent elle était en position de négation". "Il n'est jamais trop tard pour bien faire", mais "il faut prendre des décisions maintenant sans attendre de nouvelles études", dit ce chercheur en évaluation des risques sanitaires.

Nocif pour les bébés et les foetus

Selon lui, les études "comportent quasiment toutes l'analyse qu'il faut changer la dose journalière admissible", qu'il faudrait selon lui diviser "par 5.000". Il note que "toute journée qui passe représente un danger pour la quasi-totalité des enfants", le risque principal étant lié à l'exposition au bisphénol A pendant la gestation.

Le bisphénol A entre dans la composition de nombreux plastiques et est utilisé notamment dans la fabrication des biberons. L'agence sanitaire américaine, la Food and Drug Administration (FDA), qui avait déclaré le BPA sans danger en 2008, a conclu tout récemment, sur la foi d'études détectant des effets plus subtils, à "des effets potentiels sur le cerveau et sur la prostate des bébés et des foetus".