Valls : "Je ne suis pas d'accord quand le président dit que la société n'est pas laïque"

© Capture d'écran Europe 1
  • Copié
, modifié à
Invité mardi de la matinale d'Europe 1, l'ancien Premier ministre de François Hollande est revenu sur sa propre vision de la laïcité, quelques jours après des déclarations d'Emmanuel Macron sur le sujet.
INTERVIEW

"C’est la République qui est laïque, pas la société", a lancé Emmanuel Macron le 21 décembre alors qu'il recevait les représentants des cultes en France. Une vision que ne partage pas exactement Manuel Valls : "Quand le président dit 'la République est laïque et pas la société française', sur ce sujet-là je ne suis pas d'accord", a déclaré l'ancien chef du gouvernement, invité mardi de la matinale d'Europe 1. "Je pense que notre société est profondément laïque et qu'il faut la défendre", affirme-t-il. "Ce qui ne veut pas dire être contre les religions. Dans ma pratique de maire, de ministre et de Premier ministre, je respecte profondément les religions, j'ai dialogué avec l'ensemble des cultes, je me suis rendu à toutes les grandes manifestations cultuelles", rappelle encore le député de l'Essonne.

Une laïcité "radicalisée" ? À l'occasion de son entrevue avec les représentants des différents cultes en France, Emmanuel Macron se serait également inquiété d’un risque de "radicalisation de la laïcité", selon des propos rapportés par François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France. "Je ne comprends pas l'idée d'une laïcité radicalisée. De manière générale, je n'aime pas l'idée des adjectifs attachés à la laïcité : la laïcité 'ouverte' contre la laïcité 'radicalisée'", explique Manuel Valls. "Je ne l'accepte pas, c'est une manière de disqualifier les avocats, les défenseurs de la République et de la laïcité".

"Le vrai danger dans la société française, c'est l'islam radical, pas la laïcité radicalisée, et faire le parallèle, à travers l'adjectif radicalisé, entre l'islamisme 'radicalisé' et la laïcité 'radicalisée', me parait une faute", soutient encore l'ancien socialiste, désormais membre de la majorité présidentielle.

Un antisémitisme "profondément ancré" en France.  À quelques jours de la commémoration de la prise d'otage de 2015 à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, Manuel Valls a également estimé que "l'antisémitisme est très profondément ancré dans notre société". "Ce qui a changé depuis trois ans, c'est la prise de conscience de ce niveau d'antisémitisme que nous dénoncions à quelques-uns déjà depuis plusieurs années", souligne-t-il, estimant que les efforts doivent se poursuivre sur ce sujet. "En 2012, il n'y avait pas eu la mobilisation de tous face à ce qui s'était passé à Toulouse et à Montauban, et en 2014 il n'y a avait pas eu une réaction à la hauteur de l’événement quand on avait crié dans les rues de Paris, à l'occasion d'une manifestation pro-palestinienne : 'mort aux juifs'", veut rappeler l'élu. "Ça veut dire que l'effort éducatif, l'effort de sécurité, de justice, parce que ce sont des délits qu'il faut poursuivre et condamner, cet effort doit se poursuivre. Pour moi, c'est le combat de ma vie".