Nicolas Zeller 10:57
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Manon Fossat , modifié à
Invité de Dimitri Pavlenko sur Europe Matin vendredi, Nicolas Zeller, médecin dans les forces spéciales de l'armée française est revenu sur les motivations des soldats qui s'engagent aujourd'hui. Il a expliqué observer chez les jeunes une réelle volonté de défendre leur pays et a regretté le culte de la performance de plus en plus présent dans les rangs de l'armée.
INTERVIEW

Quel est notre rapport à la guerre, à la mort ? Invité sur Europe Matin vendredi, Nicolas Zeller, médecin dans les forces spéciales de l'armée française et auteur du livre Corps et âme aux éditions Taillandier, est revenu sur son quotidien et sur les motivations des jeunes soldats qui s'engagent.

"La jeunesse qui s'engage est quasiment exclusivement centrée sur la notion de service. Il y a une forme de patriotisme, une volonté de vouloir défendre son pays. Et en réalité quand on s'engage, ça veut dire engager sa vie et la mettre sous la responsabilité d'une autorité supérieure", a-t-il expliqué avant de poursuivre. "Dans l'armée il y a une forme de hiérarchie, de verticalité, qui n'a pour seul but que de rendre service (...) Le métier de soldat est un métier de gratuité et de don." Des valeurs selon lui à rebours de celles de la société. "C'est un long travail de faire se décentrer les gens de leurs intérêts individuels vers des intérêts collectifs et vers le bien commun", a assuré Nicolas Zeller.

"Au moment où la mort apparaît, l'humain va se retrouver seul"

Le médecin des forces spéciales a également déploré l'image du soldat d'aujourd'hui, comparé à un sportif de haut niveau. "C'est utile de cultiver sa performance, mais en faire un culte peut être dangereux. Car au moment où la violence survient et ou la mort apparaît - parce que c'est la finalité de notre métier - le soldat, l'humain, va se retrouver seul derrière la carapace", a-t-il rappelé. "Et ce, que ce soit derrière une carapace de métal, ou de muscles. Il reste une âme et cette âme là il faut qu'elle soit épaisse, musclée et il ne s'agit pas de protéines ou de n'importe quel artifice qui éloigne le soldat de sa réflexion personnelle."

 

Il s'est enfin interrogé sur la question de la violence et a estimé qu'elle est devenue inacceptable dans la société actuelle. "Dans une société qui a plutôt tendance à cacher la mort et à l'occulter, pour celui qui vit dans une communauté militaire, la mort est le quotidien. En tant que médecin c'est quelque chose qui fait notre environnement, qui nous parle et à quoi on est éduqué."