Sécurité, immigration : doutes sur les chiffres de la profession de foi de Marine Le Pen

Les chiffres avancés par Marine Le Pen sont factuellement proches de la réalité mais manquent de contexte.
Les chiffres avancés par Marine Le Pen sont factuellement proches de la réalité mais manquent de contexte. © ROMAIN PERROCHEAU / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale, aussi appelé "le gendarme de la campagne présidentielle", a décidé d'homologuer la profession de foi de Marine Le Pen, déjà imprimée, mais en maintenant ses "réserves" sur la mention "source ministère de l’Intérieur", associée à des chiffres sur l'insécurité et l’immigration.

La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) a finalement décidé "d'homologuer" la profession de foi de Marine Le Pen, déjà imprimée, mais en maintenant ses "réserves" sur la mention "source ministère de l’Intérieur", associée à des chiffres sur l'insécurité et l’immigration. Le "gendarme" de la campagne présidentielle, qui a rendu sa décision mercredi soir après avoir entendu des représentants de la candidate du Rassemblement national, "déplore" que cette dernière "ait décidé de procéder à l'impression" du document avant de l'avoir soumis "à la procédure d'homologation prévue".

Mais "compte tenu de la nature et de la portée" des réserves et de "l'impossibilité matérielle de procéder à une nouvelle impression" en raison d'une pénurie de papier, il estime qu'un rejet de la profession de foi "aurait des conséquences disproportionnées". Celui-ci exposerait "les électeurs au risque de ne pas disposer d'un exemplaire écrit des déclarations pour les deux candidats (...), alors que l’envoi de ces déclarations constitue une garantie importante du scrutin", poursuit la Commission.

Sécurité : Marine Le Pen a-t-elle avancé les bons chiffres ?

Dans son collimateur, deux chiffres mis en avant par la candidate d'extrême droite pour illustrer le bilan d'Emmanuel Macron sur l'insécurité et l'immigration: "+31% d'agressions volontaires depuis 2017" et "1,5 million d'immigrés supplémentaires arrivés légalement en France". La Commission demandait à la candidate de "fournir les éléments permettant de justifier la mention : 'source ministère de l’Intérieur'". Elle "maintient les réserves" formulées sur cette mention et "appelle donc l’attention des électeurs sur ces mentions".

Selon les chiffres du service statistiques du ministère de l’Intérieur (SSMSI), le nombre de victimes de coups et blessures volontaires est passé de 233.600 en 2017 à 306.700 en 2021, soit une hausse de 31,29%.

Mais, souligne une source au ministère de l'Intérieur, "ce sont les violences intrafamiliales qui portent la hausse, en lien avec la libération de la parole, le Grenelle des violences conjugales et l'amélioration de l'accueil des victimes".

Hors violences intrafamiliales, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires est passé de 133.000 en 2017 à 149.200 en 2021, soit une hausse de 12,18%.

Quel solde migratoire pour le quinquennat Macron ?

Concernant l'immigration, un peu plus de 1,4 million de premiers titres de séjour ont été délivrés entre 2017 et 2021 à des ressortissants hors Union européenne (en incluant les titres de séjour "Brexit" des Britanniques), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, soit un ordre de grandeur semblable à ce qu'a écrit Marine Le Pen.

Cependant, ces chiffres ne constituent pas une photographie des flux d'immigration durant le quinquennat car ils incluent les régularisations de personnes résidant depuis plusieurs années dans l'Hexagone (avant 2017) et ne tiennent pas compte des sorties, notamment des étudiants étrangers qui, le plus souvent, repartent dans leur pays d'origine. Ainsi, selon l'Insee, le solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties) cumulé est de +776.000 personnes depuis 2017.