Sanctions renforcées pour les chômeurs : "Ce n'est pas du contrôle bureaucratique, c'est humain", assure Pénicaud

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A.H. , modifié à
Pour la ministre du Travail, le contrôle accru des chômeurs ne revient pas à traiter mécaniquement leur cas. Au contraire, Muriel Pénicaud entend tenir compte des problématiques individuelles.
INTERVIEW

Muriel Pénicaud a présenté lundi aux partenaires sociaux son plan de bataille pour réformer l'assurance-chômage. S'il correspond à ce qu'avait annoncé Emmanuel Macron lors de sa campagne, il fait toutefois grincer des dents. Ce plan prévoit notamment un contrôle accru des chômeurs, avec à la clé des sanctions progressives pouvant aller jusqu'à la radiation.

"14% ne font aucun effort". Invitée de la Matinale d'Europe 1 mardi, la ministre du Travail a reconnu que seule "une minorité" de chômeurs "ne cherchait pas" d'emplois. "Pôle Emploi a fait des test : deux demandeurs d'emplois sur trois font les meilleurs efforts ; 20% se découragent. Il faut les aider à se remobiliser. Et 14% ne font aucun effort. Cette minorité crée un sentiment d'injustice", justifie Muriel Pénicaud au micro de Patrick Cohen. L'assurance-chômage "est un système mutualisé. Il est donc normal qu'il y ait du contrôle", avance-t-elle. 

Un système actuel "assez baroque". Faut-il voir dans ces contrôles accrus l'opportunité pour l'Etat de gagner un peu d'argent, ou de faire un symbole ? "Ni l'un ni l'autre", rétorque la ministre. "Tout système garanti collectivement, s'il n'est pas juste, est perçu comme inefficace. Aujourd'hui, on a un système de sanctions, pour ceux qui ne cherchent pas d'emploi, qui est assez baroque. On est plus sanctionnés si on ne se rend pas à un rendez-vous que si on ne cherche pas pendant plusieurs mois", s'agace Muriel Pénicaud.

"L'intelligence n'est pas interdite". Autre point clé de la réforme : il y aura bien une redéfinition de l'offre raisonnable d'emploi, ces offres que le chômeur ne peut refuser si elles correspondent à ses critères de recherche, établis avec son conseiller. Actuellement, "on a une règle générale qui n'est quasiment pas applicable, et donc pas appliquée", dénonce Muriel Pénicaud. Pour mieux cerner les critères de recherche et les problématiques de chacun, la ministre souhaite donc la mise en place d'un conseil plus personnalisé. "Ce n'est pas du contrôle bureaucratique, c'est humain. On tient compte de la situation de la personne, des bassins d'emplois… L'intelligence n'est pas interdite", se défend-elle.