Réunion du Congrès : "Macron utilise toutes les ressources de la fonction présidentielle"

Didier Maus 1280
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Pour le constitutionnaliste Didier Maus, la démarche d'Emmanuel Macron, qui suscite de nombreuses critiques dans l'opposition, s'inscrit pourtant dans l'esprit de la Cinquième République. 
INTERVIEW

L'intervention du chef de l'Etat lundi devant les parlementaires réunis en Congrès soulève la gronde dans l'opposition. Beaucoup y voient un empiétement sur le champ d'action du Premier ministre qui doit tenir, le lendemain, son discours de politique générale. "Il n'y a aucun problème de constitutionnalité. On est dans une application parfaitement régulière, normale et j'ajouterai cohérente de la Constitution", estime de son côté le constitutionnaliste Didier Maus, interrogé sur Europe 1. "Le président a été élu, les député ont été élus, on commence la semaine prochaine le travail législatif, eh bien le président de la République va dire ce qu'il faut faire".

"Un contact physique". "Emmanuel Macron utilise toutes les ressources de la fonction présidentielle qui sont à sa disposition", insiste ce spécialiste. "Avant 2008, cette procédure n'était pas possible et les présidents de la République communiquaient avec les députés et les sénateurs par des messages qui étaient lus dans les deux hémicycles du Palais Bourbon et du Palais du Luxembourg. Il n'y avait pas ce contact physique qui aura lieu lundi à Versailles".

La primauté du président. "On est dans une cohérence constitutionnelle, politique et chronologique parfaite. Totalement dans la ligne de l'ADN de la Cinquième République", relève encore celui qui est également maire de Samois-sur-Seine. Pour lui, l'empiétement plus ou moins marqué du président sur le Premier ministre est une constante sous la Cinquième République. Ainsi, en 1981, François Mitterrand avait adressé un message aux députés juste avant que Pierre Mauroy ne fasse son discours de politique générale.

"Reprenez tous les discours des Premiers ministres successifs, il commence par le thème : 'Dans la ligne du président de la République, je vais conduire l'action du gouvernement…' Une fois que vous avez dit ça, vous avez tout dit. Peu importe les décisions de la Constitution, la primauté du président est inscrite dans les faits", conclut Didier Maus.