Que sont devenus les anciens ministres de François Hollande ?

Ségolène Royal, Audrey Azoulay, Jean-Jacques Urvoas et Bernard Cazeneuve.
Ségolène Royal, Audrey Azoulay, Jean-Jacques Urvoas et Bernard Cazeneuve. © AFP-Montage Europe 1
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R.Da. , modifié à
La plupart sont retournés à leur vie professionnelle, certains ont obtenu des postes clefs dans d'importantes organisations quand d'autres encore préparent à huis-clos un possible retour en politique.

Il est plutôt rare de pouvoir conserver un portefeuille ministériel d'une majorité à l'autre. Jean-Yves Le Drian est le seul membre de la "Hollandie" à avoir reussi cet exploit, passant de l'hôtel de Brienne sous François Hollande au Quai d'Orsay sous la présidence d'Emmanuel Macron. Les autres membres de la précédente équipe gouvernementale sont quant à eux plongés depuis plus de deux mois dans leur vie d'après. Si certains ont pu sauver leur siège de député en juin dernier - parfois de justesse - comme Stéphane Le Foll et Manuel Valls, d'autre ont misé sur l'international pour leur reconversion ou ont tout simplement fait valoir leurs droits à la retraite.

Des retraités… parfois bruyants

Ils ont choisi de ne pas aller plus loin. À l'issue de la passation de pouvoir, Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, et Michel Sapin, ministre de l'Economie et des Finances, n'ont pas seulement quitté leur ministère mais aussi la vie publique. Renonçant à briguer de nouveaux mandats, les deux hommes, très proches de François Hollande, ont aussi mis fin à leur carrière d'élus. L'ancien locataire de Bercy, toutefois, n'a pas hésité fin juin à monter au créneau pour défendre le bilan du quinquennat, et plus particulièrement sa propre gestion alors que la Cour des comptes a dénoncé des "éléments d'insincérité" dans la construction du dernier budget. "Ce terme a choqué beaucoup de monde, il nous a blessés", a-t-il relevé le 12 juillet devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale où il était invité à se défendre. Il a également épinglé le nouvel exécutif pour le montant des économies demandées à la Défense.

Par-delà les frontières

Espérant décrocher la direction du très prestigieux Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), Ségolène Royal, l'ancienne ministre de l'Environnement, avait longuement attendu pour apporter son soutien à l'un des candidats de la présidentielle. Pour mieux se ménager l'appui du gagnant ? Peine perdue : le 18 avril, c'est l'Allemand Achim Steiner qui a été désigné. L'ex-présidente du Poitou-Charentes a toutefois été nommée par Emmanuel Macron, qu'elle avait fini par rallier, ambassadrice pour les Pôles Arctiques et Antarctiques. Elle prend ainsi la suite de Michel Rocard mort en 2016. "C'est une très belle mission", s'est-elle félicitée sur France info. La socialiste devrait ainsi continuer à œuvrer contre le réchauffement climatique.

Harlem Désir, ancien secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, a été nommé mardi représentant de l'OSCE (l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la liberté des médias. "J'ai été le candidat de la France mais il y en avait cinq autres présentés par d'autres pays. J'ai été auditionné par les ambassadeurs de 57 Etats membres de l'OSCE et désigné à l'unanimité", a-t-il commenté dans les colonnes de L'Opinion. Basé à Vienne, il entend faire de "la sécurité des journalistes la priorité de [s]on mandat". Selon le quotidien, il dispose d'une enveloppe de 1,5 million d'euros, et son nouveau salaire – dont le montant n'a pas été communiqué - ne serait pas imposable.

Audrey Azoulay, l'ex-ministre de la Culture, est en pleine campagne. Candidate à la direction générale de l'Unesco, elle a récemment accompagné Emmanuel Macron au G7 en Sicile, Jean-Yves Le Drian au Sénégal, avant de se rendre dans les pays baltes puis en Amérique latine, détaille L'Opinion. Selon le quotidien, c'est le quai d'Orsay qui finance sa campagne malgré les "réticences" de Jean-Yves Le Drian, balayées par Emmanuel Macron. En effet, la France s'était initialement engagée, comme le rappelle la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam à L'Opinion,  à ce que le prochain dirigeant de l'organisation soit issu d'un pays arabe.

À nouveau salariés

Premier ministre le plus éphémère de la cinquième République, Bernard Cazeneuve a renfilé sa robe d'avocat. Le cabinet parisien August Debouzy a annoncé le 3 juillet l'arrivée de cet éminent collaborateur dans son équipe, où il interviendra "essentiellement sur les aspects de compliance et de conformité internationale", précise Ouest France.

L'ancien secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur, Thierry Mandon, a choisi de se consacrer à l'édition. Nommé directeur général de Rollin Publications, qui édite notamment la revue XXI, il travaille à la mise en place d'un nouvel hebdomadaire d'actualité, attendu pour janvier 2018, et dont le nom a été révélé le 14 juillet : Ebdo.

Défait aux législatives dans sa première circonscription du Finistère, face à une candidate La République en marche!, Jean-Jacques Urvoas, qui avait pris la succession de Christiane Taubira au ministère de la Justice, n'a pas caché son amertume. "C'est une claque terrible", a-t-il reconnu début juillet sur le plateau de Télématin, indiquant désormais vouloir retrouver son poste de professeur d'université. "Je vais réfléchir à la manière dont je peux continuer à faire de la politique, de manière un peu différente", a-t-il toutefois soufflé. Et l'ancien responsable n'a pas attendu pour glisser son grain de sel dans le débat public, dénonçant dans une tribune à Ouest France samedi l'inscription de l'état d'urgence dans le droit commun, une mesure portée par le projet de loi antiterroriste qui doit arriver devant les députés en octobre.

Un retour en force ?

L'ex-ministre des Familles, Laurence Rossignol, a repris son siège de sénatrice de l'Oise mi-juin… et compte bien le garder. Dans une interview au Parisien le 29 juin, elle a annoncé être tête de liste PS pour les sénatoriales de septembre, et pourrait bien imiter, vis-à-vis du pouvoir, la démarche des Constructifs LR et UDI du Palais Bourbon, mais elle pose ses conditions: "Pour l’heure, je vois trop d’idées de droite. J’attends des signaux de gauche. Je suis socialiste. On peut être constructif et vouloir la réussite du pays sans s’affilier à la majorité présidentielle", explique-t-elle.

Particulièrement discrète depuis sa défaite dans le Rhône, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Education nationale, a refusé d'intégrer la direction collégiale du PS début juillet. D'après Paris-Match, la benjamine du dernier gouvernement de François Hollande aurait mis en place un "club de réflexion" informel dans son appartement parisien, conviant plusieurs hauts fonctionnaires à se pencher sur "l'avenir de la France et de la gauche". Le soir de sa défaite, elle écrivait dans un post sur son site de campagne : " Je ne fais pas partie des intermittents de la politique qui ont besoin d'un mandat pour s'engager, militer, donner de leur temps et de leur énergie au service de leurs idées, de leurs convictions et de leurs valeurs".