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William Galibert, édité par C.O. , modifié à
Les candidats à la présidentielle font appel à des plumes pour rédiger leurs discours. Des auteurs souvent très jeunes.
L'ENQUÊTE DU 8H

Ils peuvent d’une simple formule, marquer les esprits, changer le cours d’une campagne… Des plumes se cachent derrière les discours des candidats. La plupart du temps, ces invisibles de la présidentielle sont très jeunes, et leur profil est beaucoup plus littéraire que politique.

Un travail collectif... Hadrien Bureau par exemple, formé à l'école normale, 24 ans seulement, inspire Benoit Hamon, et distille du Victor Hugo dans ses discours, même si son candidat s'en remet souvent à son sens de l'improvisation. 

Quentin Lafay, 27 ans, jeune écrivain, normalien lui aussi, accompagne pour sa part Emmanuel Macron. Être plume, selon lui, c'est mettre son orgueil de côté. "Ses amis proches relisent les textes, ils prennent aussi la plume et lui suggèrent des formules, des paragraphes. C'est un travail qui est collectif, on est une douzaine à lui suggérer des mots et des projets de discours", explique le jeune écrivain. "Mais Emmanuel Macron retravaille tellement les textes qu'on a du mal à la fin à percevoir les mots, les phrases qu'on aurait placés. Il n'est ni le ventriloque de ses adversaires, ni le ventriloque de ses collaborateurs", assure-t-il.

... ou une plume particulière. L'effort est beaucoup moins collectif chez François Fillon. Le candidat des Républicains ne se détache quasiment jamais du texte de sa plume Igor Mitrofanoff. C'était d'ailleurs lui qui avait imaginé la formule "Qui imagine le Général De Gaulle mis en examen?", phrase qui avait été soulignée au moment de sa mise en examen pour l’affaire des emplois présumés fictifs de son épouse. Quant au Front National, c'est une affaire de famille. Marine Le Pen faisant appel en priorité à son beau-frère Philippe Olivier pour l'aider.

L'exception Mélenchon. La seule exception, c'est Jean-Luc Mélenchon. Sa plume, c'est Mélenchon lui-même. Il prépare tout, annote, rature, trace des flèches et tout ça tient sur une seule fiche qu'il est "seul à pouvoir déchiffrer". Une fois lancé, mieux vaut ne jamais le couper.

Le risque d'imprévu existe. Malgré la préparation à la lettre, tout ne peut pas être maîtrisé. Ce fut le cas en février dans le Jura pour Marine Le Pen. La candidate frontiste avait dû improviser car un projecteur avait grillé. Reste, que l'essentiel, pour ces plumes, qui ont la modestie de se ranger dans l'ombre de leur candidat, est que ces textes soient déclamés avec conviction. Les plus beaux discours ne feront vibrer personne s'ils ne sont pas lus avec sincérité, rappellent toutes ces plumes.