Présidentielle : "On est passé de 'Deux pour un fauteuil' à 'Quatre dans un mouchoir'"

Tout est encore possible dans la campagne présidentielle.
Tout est encore possible dans la campagne présidentielle. © Gabriel BOUYS / AFP
  • Copié
A quinze jours du premier tour, notre éditorialiste David Revault d'Allones tente d'éclaircir le brouillard qui entoure le résultat de l'élection présidentielle.
EDITO

A quinze jours du premier tour de l'élection présidentielle, la course à l'Élysée est plus illisible que jamais avec des sondages qui n'arrêtent pas de bouger. Dans cette campagne à la fois un peu folle et assez sale, sans véritable thème, sans véritable sujet, à part celui des affaires, il n’y a pas beaucoup de certitudes. Pas beaucoup de points solides auxquels se raccrocher. 

Deux favoris... Mais ces dernières semaines, il y en avait quand même un : il y avait deux favoris, à en croire les sondages. Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui semblaient bien partis pour se qualifier pour le second tour. Et patatras. Voici que dans la dernière ligne droite, dans le sprint final, tout est remis en cause. On passe d’un duo à un quarté. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont passés de 25% d'intentions de vote à 23% environ, dans les études d’opinion.

... devenus quatre. Dans le même temps, François Fillon et surtout Jean-Luc Mélenchon sont remontés. Autour de 18% grosso modo. On est passé de 'Deux pour un fauteuil' à 'Quatre dans un mouchoir'. Et c’est presque un mouchoir de poche. Les quatre favoris se tiennent en quatre points. Ce n’est pas la marge d’erreur mais on en est pas loin. Résultat, à quinze jours du premier tour, on a le sentiment que le suspense est totalement relancé, que tout reste possible.

Des électeurs indécis. D'autant qu’il n’y a pas seulement les intentions de vote, mais la solidité de ces intentions qui doit être prise en compte. On parle ici de cette fameuse cristallisation, ce moment où, dans une campagne, les électeurs décident de voter dur comme fer pour tel ou tel candidat, alors que jusqu’ici ils avaient des préférences, mais se réservaient la possibilité de changer d’avis. Et bien cette cristallisation n’a pas encore eu lieu. Jamais les électeurs n’ont été si hésitants.

Bien sûr, cela dépend des candidats. Les électeurs de Marine Le Pen sont les plus déterminés, devant ceux de François Fillon. Alors que ceux d’Emmanuel Macron le sont beaucoup moins. C’est une incertitude supplémentaire dans le brouillard ambiant.

Décisive abstention. Enfin, il ne faut pas oublier l'abstention qui pourrait atteindre des niveaux records. Ce qui fait planer encore un peu plus de doute sur le scrutin. En effet, l’abstention, et surtout l’abstention différenciée selon les partis et les candidats, peut jouer de sérieuses surprises. Petit rappel historique : le 21 avril 2002, l'abstention avait atteint 29% avec à la clé, l'élimination de Lionel Jospin et la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour. Cette fois, les sondeurs estiment que l’abstention se situe autour de… 35% !

Difficile dans ces conditions de faire un pronostic. Benoit Hamon a peu de chances d’être au second tour. Ensuite, il sera difficile pour Mélenchon de se hisser en finale. Mais pour Macron, Fillon et Le Pen, toutes les combinaisons sont possibles. Il va falloir garder l’œil sur les candidats pendant ces deux dernières semaines. On est rentré dans cette campagne en plein brouillard. Et quatre mois plus tard, la fumée est encore plus épaisse.