Pourquoi la percée de Nicolas Dupont-Aignan sert Marine Le Pen

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David Doukhan, chef adjoint du service politique d'Europe 1 , modifié à
Le candidat de Debout la France, très à droite, bénéficie d’une forte progression dans les sondages.

Il existe et ça n’est pas un hasard. En 2012, Nicolas Dupont-Aignan avait obtenu 1,79% des voix au premier tour de la présidentielle. Cinq ans après, avec 5% dans les sondages actuellement, on peut considérer que le candidat de Debout la France effectue une belle percée. D’abord, il sert d’exutoire à ceux qui auraient voté François Fillon, qui ne peuvent pas voir Emmanuel Macron en peinture et qui ne veulent pas voter pour Marine Le Pen, du moins pas au premier tour.

En croisade contre le système. Mais ce report mécanique n’est pas la seule raison. Le leader de Debout la France trouve un écho dans l’opinion. Il est celui qui a toujours été méprisé, pendant des décennies, par les cadors de la droite et les grands éditorialistes qui ne voulaient pas l’inviter dans leurs émissions. Ce mépris, les Français en ont ras-le-bol, ils le ressentent eux-même, parfois tous les jours, dans leur vie professionnelle notamment. Alors, quand Nicolas Dupont-Aignan fait son coup de com’ contre TF1, ça marche ! La vidéo devient virale. À grand renfort d’effets de manche, le député-maire s’illustre dans le rôle du petit qui en a assez de baisser la tête et qui dit ‘non’. Ça paye : dans le dernier baromètre Sofres, le candidat gagne 6 points chez les seuls sympathisants LR, et 12 chez ceux du FN.

Report de voix. Dans cette présidentielle, qui est celle de toutes les premières, de toutes les nouveautés, un Nicolas Dupont-Aignan qui ferait un bon score au premier tour, cela créerait une situation totalement inédite, car cela voudrait dire que Marine Le Pen bénéficierait d’une réserve de voix pour le second tour, ce qui n’est encore jamais arrivé. Aux précédentes élections, si le FN pouvait être fort au premier tour, il se retrouvait systématiquement seul au second, voyant la victoire lui échapper. En 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen accède au second tour, sa seule réserve de voix, c’était celle de Bruno Maigret qui avait fait 2%, un chiffre négligeable. Qui plus est, la détestation entre les deux hommes était telle que le report de voix s’était fait de manière inégale.

Faire exploser le plafond de verre. Aujourd’hui, Nicolas Dupont-Aignan, qui pourrait faire 5, 6 ou 7%, et qui ne dit jamais directement du mal de Marine Le Pen, change la donne. La dirigeante frontiste croit pouvoir exploser le fameux plafond de verre et accéder à la victoire, et Nicolas Dupont-Aignan pourrait bien lui servir de marchepied.