Pour Jacques Attali, il faut "oser une mondialisation démocratique et positive" 1:48
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Cédric Chasseur
Face à la progression des régimes totalitaristes et du repli sur soi, à l'image du Royaume-Uni qui a quitté l'Europe, l'essayiste Jacques Attali prône sur Europe 1 "une mondialisation démocratique et positive". Car pour lui "les grands enjeux du monde ne peuvent se régler qu'à l'échelle de la planète". 
INTERVIEW

Invité de l'émission C'est arrivé cette semaine sur Europe 1 samedi, l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand Jacques Attali s'est expliqué sur ses propos tenus dans sa chronique pour les Echos où il prédit le possible effondrement universel des démocraties pour la décennie 2020. "Ce risque existe", persiste-t-il au sujet de cette catastrophe annoncée. "Les grands enjeux du monde", comme les questions climatiques ou sociétales, "ne peuvent se régler qu'à l'échelle de la planète", explique l'essayiste qui anticipe un destin bien sombre. "Si la globalisation échoue, nous allons hypocritement nous renfermer à l'intérieur de nos frontières", alerte Jacques Attali. Et cela ne sera pas sans conséquence.

"Oser une mondialisation démocratique et positive"

Car cet échec propulsera d'autres formes de régimes selon lui. Jacques Attali craint de voir "les démocraties remplacées provisoirement par des totalitarismes". Comment éviter d'en arriver là ? "Il faut oser une mondialisation démocratique et positive", réclame l'économiste, qui voit dans le projet européen "l'amorce de cette mondialisation". "Si on ne réussit pas une Europe démocratique et positive, comment pourrait-on imaginer réussir à l'échelle de la planète ?" se demande-t-il.

Inquiet pour le monde, Jacques Attali l'est aussi pour la France, à deux ans de l'élection présidentielle. Plus que jamais à ses yeux, Marine le Pen est au porte du pouvoir. "Il ne faut pas croire que nous sommes protégés par notre système électoral, fait pour créer les conditions d'une majorité présidentielle avec un Parlement qui soit aux ordres du Président de la République", explique-t-il.

Selon l'essayiste, plutôt que de nous protéger, "les institutions amplifient les choses". Et Jacques Chirac comme Lionel Jospin ont leur part de responsabilités. "Ils ont fait l'erreur conjointe, croyant que cela allait leur profiter, de ramener le mandat présidentielle à cinq ans", analyse Jacques Attali. Cinq ans laissent peu de temps pour avoir des résultats, et facilitent les alternances. Une décision qui l'amène à dire que "toutes les conditions sont réunis pour que l'extrême droite arrive au pouvoir".