Pour Christian Jacob, l'affaire Benalla laissera "des traces profondes" pour Emmanuel Macron

L'opposition avait déposé deux motions de censure.
L'opposition avait déposé deux motions de censure. © GERARD JULIEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Les patrons des députés LR et PCF ont défendu mardi à l'Assemblée nationale les deux motions de censure déposées par l'opposition, mettant en cause la responsabilité du gouvernement dans l'affaire Benalla. 

Revigorée par l'affaire Benalla, l'opposition s'en est pris à Emmanuel Macron et au Premier ministre Edouard Philippe, mardi, à l'Assemblée nationale, où les députés Christian Jacob (LR) et André Chassaigne (PCF) ont défendu les deux motions de censure déposées par LR, et par les socialistes, communistes, et Insoumis, pour mettre en cause la responsabilité du gouvernement. 

"Un régime de faveurs". Le patron du groupe LR à l'Assemblée Christian Jacob a pris la parole en premier devant les députés pour défendre la motion de censure déposée par la droite, dénonçant un "régime de faveurs décidé par Emmanuel Macron". Revenant sur les premières sanctions décidées par l'Elysée, 15 jours de mise à pied pour Alexandre Benalla, le député LR a fustigé un "deux poids deux mesures" et "un régime de faveur qui a été décidé par Monsieur Macron lui-même". "Dans la République exemplaire d'Emmanuel Macron, les sanctions sont factices", a-t-il encore dit. 

Devant un hémicycle très agité, notamment lorsqu'il a évoqué l'existence d'"une police parallèle aux ordres de l'Elysée", Christian Jacob a estimé que l'affaire Benalla laisserait "des traces profondes, des traces politiques et morales pour le chef de l'Etat". Ce scandale, a-t-il poursuivi, n'est "pas la dérive d'un homme jeune, immature, et impulsif", mais "celui d'un chef de l'Etat, il l'a reconnu, qui a privilégié un homme qui lui a rendu des services". 

"Votre gouvernement a failli par faiblesse". Le patron des députés LR a également mis en cause la responsabilité du gouvernement, et notamment le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, coupable selon lui d'avoir "failli". "Votre gouvernement, tout particulièrement votre ministre de l'Intérieur, n'ont pas eu le cran de dire stop à une terrible dérive", a accusé cet élu de Seine-et-Marne. "Votre gouvernement (...) a failli par faiblesse, par lâcheté aussi". 

Et de s'attaquer directement au Premier ministre. "Si vous étiez venu vous expliquer pendant ces quatre jours qui ont donné le spectacle d'une majorité tétanisée (...) si vous aviez accepté nos demandes d'un débat au titre de l'article 50-1, nous ne serions pas ici, l'un en face de l'autre", a-t-il expliqué à Edouard Philippe.

"Vous courez vers votre servitude", dit Chassaigne aux députés LREM. Lui succédant à la tribune, le chef de file des députés communistes André Chassaigne, a affirmé que l'affaire Benalla avait "ouvert une plaie qui ne se refermera pas". Défenseur de la motion de censure PCF-LFI-PS, il a souligné que les forces de gauche, "ensemble", ont "estimé que l'exécutif a menti pour se protéger", et ont "cherché la vérité". 

A l'adresse des députés LREM, accusés d'avoir fait de la commission d'enquête de l'Assemblée une "mascarade", l'élu du Puy-de-Dôme a lancé que "ce qu'il y a de terrible dans votre refus de faire émerger la vérité, c'est qu'il fait de vous de simples 'digéreurs', intestins silencieux de la bouche élyséenne". "Vous croyez marcher vers votre salut, mais vous courez vers votre servitude" et "vous avez ouvert une plaie qui ne se refermera pas", a-t-il poursuivi.

Le patron des députés PCF évoque la perspective d'une destitution. "La crise que nous vivons engage la responsabilité du gouvernement, mais aussi celle du président la République", qui a "déclaré devant ses troupes qu'il était le 'seul responsable' dans l'affaire dite 'Benalla'", a aussi rappelé André Chassaigne. 

"Si les diverses enquêtes ouvertes devaient montrer" un "manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat", "il appartiendrait à la représentation nationale de s'interroger quant à l'opportunité d'enclencher cette procédure de destitution" prévue par la Constitution, a-t-il enfin averti.