Pour Cazeneuve, la politique du gouvernement n'est "pas à gauche" et "même à droite"

Dans cet entretien au "Monde", Bernard Cazeneuve invite "la gauche de gouvernement à se reconstruire".
Dans cet entretien au "Monde", Bernard Cazeneuve invite "la gauche de gouvernement à se reconstruire". © JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Pour ce fidèle de François Hollande, le clivage droite-gauche - qu'a cherché à abolir Emmanuel Macron - "perdurera".

L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve juge que la politique menée par l'exécutif n'est "pas à gauche" et "même à droite", dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi, où il critique notamment les choix budgétaires.

"Le sentiment de l'injustice gagne". Comme on lui demande où il situe cette politique, Bernard Cazeneuve répond : "Elle n'est pas à gauche, c'est certain. Elle est même à droite, je le regrette, car je sais aussi que si le sentiment de l'injustice gagne, les réformes seront compromises". "Or le pays a besoin de réformes et ce risque ne peut pas être pris, sauf à accroître les tensions au sein de la société et à nourrir l'extrémisme. Face à ces enjeux, la démocratie sociale doit gagner en force, et la gauche en crédibilité", ajoute-t-il.

Le "prétendu 'nouveau monde'". Celui qui fut le dernier chef du gouvernement de François Hollande glisse aussi qu'il se "méfie beaucoup de toutes les mouches qui volent et que l'on prend pour des idées nouvelles". "Je pense par exemple que le clivage droite-gauche, dont la disparition est le ferment de ce prétendu 'nouveau monde' (face au "monde ancien" critiqué par Emmanuel Macron, ndlr), perdurera. Je redoute qu'avec le temps, la revendication du dépassement de ce clivage, ne dissimule en réalité une propension à être tout simplement de droite", lance Bernard Cazeneuve.

Les "contradictions" du gouvernement. Sur le projet de loi de finances pour 2018, qu'il n'aurait "pas pu voter", cet ex-ministre du Budget se demande si "ce qui est proposé est juste" et voit un gouvernement "pris au jeu de ses contradictions". "Dans le même temps où le gouvernement explique qu'il n'a pas de marges de manœuvre, il trouve le moyen de faire plus de 5 milliards d'euros de baisses d'impôt au profit des plus riches des Français, en supprimant quasiment l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et en allégeant la fiscalité sur les revenus du capital !", expose-t-il.