Marine Le Pen version 2017 a adouci son discours. 5:00
  • Copié
Antonin André
Discrète cet été, la présidente du FN entame sa rentrée politique et revient dans les médias. Ce qui frappe déjà, c'est le changement de ton, plus soft et plus apaisé. A-t-elle changée ?

Libérée, délivrée. Ce n’est pas la Reine des neiges, mais elle l’affirme en privé : pour Marine Le Pen quelque chose a changé. Marine2017 a remplacé "MarineLePen2012". Cette campagne présidentielle est à sa main, c’est son expression et c’est la première fois qu’elle aborde cette échéance en décidant de tout.

Elle a fait le ménage, sur le fond et sur la forme. En 2012, la candidate avait encore à gérer le poids du patriarche, la présence de ses fidèles à tous les étages de la maison FN, elle a dû composer, respecter tout le monde, depuis. Elle a fait le ménage. Sur la forme on a déjà vu les effets : une image retravaillée et adoucie, même son élocution a changé, on l’a vu sur TF1 dimanche : on avait l’impression qu’elle pensait aux petits chats avec lesquels elle se prend en photo sur internet quand elle répondait aux journalistes. C’était frappant. Et sur le fond aussi, il y a une évolution : la candidate parie sur un recentrage de son discours pour aller chercher l’électorat de droite.

Son meilleur allié ? Nicolas Sarkozy. Dans un climat dominé par la menace terroriste, les questions de laïcité, de frontières et de sécurité sont prédominantes. Et justement, Nicolas Sarkozy est le meilleur allié de Marine Le Pen. Plus il se durcit sur les questions de sécurité, jusqu’à remettre en cause l’État de droit, plus il recentre Marine Le Pen. Au cœur de l’été, au lendemain de l’assassinat du père Hamel à Saint-Etienne du Rouvray, Nicolas Sarkozy dénonce les arguties juridiques qui freinent la lutte contre le terrorisme. De son côté, Marine Le Pen appelle à la préservation de l’Etat de droit. Elle joue la contre-programmation : la surenchère, la fuite en avant c’est Nicolas Sarkozy, la gardienne des libertés fondamentales c’est Marine Le Pen. Il hystérise elle rassure. Elle joue à front renversé, c’est de la pure stratégie. Et elle va d’ailleurs parler d’autre chose que de sécurité et d’immigration dans les prochaines semaines, se déplacer sur les thèmes de l’éducation, de l’environnement, des champs moins polémiques. Bref c’est la déclinaison du fameux "j’ai changé", pour tenter de conquérir de nouveaux électeurs.