L'été studieux du gouvernement, une affaire de communication

© Laurent Cipriani / POOL / AFP
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Antonin André
En ne prenant que quelques jours de vacances, l'exécutif veut montrer aux Français qu'il est pleinement au travail. Mais le message risque-t-il d'être galvaudé ?
EDITO

Les députés siégeront jusqu'au 11 août, date à laquelle les ministres seront autorisés à prendre un peu de repos. Le président lui-même ne devrait s'accorder que quelques jours de repos non loin de Paris. La permanence du pouvoir, un gouvernement à sa tâche qui montre l'exemple, c'est devenu la règle.

Une communication à soigner, même l'été. Les photos de Nicolas Sarkozy, à l'été 2007, dans une luxueuse résidence du New Hampshire, posant fièrement torse nu sur un hors-bord au milieu d'un lac sont des images d'un autre temps. Comme celles de François Hollande, lors du premier été de son mandat en 2012 à Brégançon, en bermuda, alors que la France s'enfonce dans la crise et les déficits. Même sobre et discrète, la notion de vacances du pouvoir est aujourd’hui proscrite par l'exécutif. François Hollande lui-même avait fini par y renoncer ou presque. Emmanuel Macron, lui, devrait passer seulement trois jours à la résidence de la Lanterne, pas d'avantage. Comme si l'idée de vacances contrevenait à la notion de bien mener sa mission, et renvoyait à un symbole de paresse, d'oisiveté voire d'irresponsabilité.

Même Obama prenait des vacances. Les Français attendent des hommes politiques, des dirigeants une forme d'exemplarité et qu'ils soient avant tout au service de l'intérêt général. C'est vertueux. Mais Barack Obama lui-même avait l'habitude de partir deux semaines en hiver à Hawaï et deux semaines en été, le plus souvent sur l'île huppée de Martha's Vineyard. Et il saluait ses compatriotes, en leur disant : "J'ai besoin de prendre des vacances, de prendre du repos pour pouvoir le reste de l’année prendre les bonnes décisions". Le président du pays patrie du libéralisme revendiquait de prendre quatre semaines de vacances par an, et le justifiait par la nécessité d'assurer une bonne gouvernance.

Un message aux travailleurs. La règle reprise par Emmanuel Macron et instaurée par François Hollande nous adresse un message : "les vacances, c'est mal". Il en viendrait presque à susciter une forme de culpabilité chez les Français qui travaillent, et qui de haute lutte, ont obtenu au siècle dernier une cinquième semaine de congés payés. Quel est ce modèle que le gouvernement donne à montrer de travailleurs qui sacrifient leur temps de repos pour renvoyer l'image de machines ? Emmanuel Macron veut donc donner l’exemple… Mais sans se demander si c'est le bon exemple.